J’étais réveillée en sursaut par un coup de klaxon dans la rue. Hmm, c’est quoi ce bordel, laissez-moi dormir putain… Les yeux fermés, je cherche mon portable à tâtons, réussis à l’attraper, et ouvre courageusement un œil à travers ma tignasse décoiffée qui recouvre mon visage endormi. Quatorze heures, affiche l’écran d’accueil. J’râle, et un charmant florilège d’insultes sort de ma jolie bouche. Il est trop tôt pour se lever… Je pousse un soupir ensommeillé, et j’cache ma tête sous mon oreiller tout en m’enroulant dans la couette, prête à me rendormir. Sauf que la lumière m’agresse les yeux malgré mes paupières fermées, et que le sommeil ne vient plus. Bon bah c’est tout. J’aime pas les réveils brutaux, j’ai jamais aimé ça, mais j’dois dire que j’y suis plus ou moins habituée depuis que j’ai emménagé avec les deux adorables chieurs qui me servent de colocs. Mais j’les aime quand même, et puis faut dire que leurs conneries, je leur rends bien.
Réveillée pour réveillée, je m’étire en baillant, et me met debout, en équilibre sur mes jambes fines et engourdies. Je pousse du bout du pied une pile de vêtement qui traine et j’accède à la porte. C’est encore le carnage à l’appartement, et j’évite avec habitude les objets divers qui traînent dans le salon, ramassant deux ou trois bouteilles vides de la veille en passant que je pose sur le meuble à télé. Là, c’est déjà un peu mieux. Bon, je l’avoue, entre vous et moi: je ne range pas, je déplace le bordel. C’est une technique comme une autre hein. En vérité, je suis aussi bordélique que les deux garçons qui vivent là, mais ça nous va bien. Faut dire que si j’avais été maniaque, j’aurais eu du boulot ici. J’arrive finalement à la salle de bain, et je cherche une serviette propre dans la tonne de bordel qui s’accumule ici et là. Faudra un jour que j’leur dise de ramasser leurs caleçons, parce que si ça continue on pourra bientôt en faire une guirlande décorative si on les noue tous bout à bout. J’garde cette idée dans un coin de ma tête, et j’entre dans la douche en espérant que toute l’eau chaude n’a pas été prise.
Y a pas à dire, une douche bien chaude, ça fait du bien, que ce soit au corps ou à l’humeur. Je sors en culotte et débardeur, me séchant nonchalamment les cheveux en cherchant un bol et des céréales dans notre petite cuisine. J’allais me poser devant la télé, quand j’entendis des ronflements provenant du couloir des garçons. Bordel, c’est lequel des deux qui dort encore à cette heure-là ? Ils ne devaient pas bosser aujourd’hui ? Une idée me traverse l’esprit, et je pose mon bol de chocapic avec un sourire aux lèvres. Me voilà qui déboule cinq minutes plus tard dans la chambre de Roméo, une musique mexicaine insupportable diffusée par les enceintes du salon, le plaid coloré du canapé sur les épaules me servant de poncho et un sombrero mexicain ridicule posé sur ma tête, que j’avais gardé d’une soirée à thème dans un des nombreux bars où j’avais travaillé –ne me demandez pas pourquoi. Entre deux rebonds d’une danse improvisée sur son lit, j’essaye d’éviter qu’il ne me tue sur place en lui faisant un petit bisou sur la joue. « Allez debout, aujourd’hui c’est tequila et tortillas, ça t'dit ? » sortis-je avec mon plus joli sourire.
Whaouh. J'suis entrain de faire un rêve. J'cours dans une prairie comme les petits enfants dans les dessins animés. Whaouh c'est carrément génial. Ya des licornes et des bisounours qui me courent après. C'est vraiment génial. Puis ya Léo qui courent avec moi voir les bisounours. Et puis les bisounours ont une salle gueule soudainement. Limite si ils ne nous crachent pas dessus. Et puis y en a un qui me demande si je cherche la merde, je lui réponds que non et sans le savoir pourquoi cet espèce de nounours géant me fout par terre. Le pire c'est qu'il a de la force ce bâtard. Je crie à l'aide mais Léo fait du cheval sur une licorne avec son diadème coloré qui fait des petites lumières alors elle a pas le temps de me sauver . Putain c'te ours il me fait chier. Je lui flanque un coup de pied et là il m'en redonne un et il m'achève. Putain trop cool ma mort, merci les bisounours. Ah merde, c'était un rêve en fait. Mais ne cherchez pas je fais des rêves très cheloux, surtout quand j'ai beaucoup bu la veille. J'ouvre alors les yeux et pas d'ours à l'horizon, j'en conclu donc que je suis bien vivant. Tout ce que je constate, c'est que c'est le bordel dans ma chambre, c'est limite si je dors pas par terre, les draps sont à moitié défaits et je sais pas où est mon t-shirt. Non mais c'est un truc récurent chez moi, ça, je perd tout le temps mes tee shirt. J'aime pas particulièrement dormir torse nu c'est juste que a peine on fait une soirée, un autre de mes tee- shirt disparait. Ne me demandez pas pourquoi j'en ai aucune idée. J'ai pas vraiment le temps de réfléchir à cette histoire débile de tee shirt faut déjà que je réfléchisse à la situation, qui je suis, où je suis et ce que je fais. Bon, qui je suis , c'est pas compliqué, Roméo, je sais que je m'appelle Roméo, je suis dans un espèce de dépotoir qui n'est autre que mon appartement que je partage avec Léo et ce que je fais, je vous dirai que je me réveille. Déjà ça c'est sur. Mais comme tout les réveils après soirées, j'me réveille dans les vapes. Je sais absolument pas a quelle heure on s'est couché hier soir mais la journée d’aujourd’hui doit être déjà entamée. Mais on s'en fout, on travaille pas aujourd’hui. J'pourrais dormir jusqu'à 21 h si je le pouvais.
Sauf que je peux vu qu'il ya une espèce de sauvage qui débarque dans ma chambre, j'entends au loin la sono a fond sur des rythme mexicains. Putain c'est quoi ce bordel ? Les mexicains ont envahit mon appart ou quoi ? J'ai pourtant pas de correspondant Mexicains qui habite ici et d'ailleurs je le parle même pas le mexicain quoi. Ah merde, j'aurais du y penser plus tôt. Ce genre de truc c'est Léo, faut pas chercher à comprendre. J'aime les réveils comme ceux là. J'ai envie de me cacher sous ma couette chose que je fais en emmetant un grognement mais ça ne sert à rien. Elle est comme même là a sauter sur mon lit, la foutu musique ne s'éteint pas et je dois pas chercher à comprendre. Si Léo veut qu'on transforme notre appart en Mexique , on le fera. Rien n'est impossible chez nous. Je me planque sous mon coussin. Rien a faire, j'peux plus dormir. Je me relève et lance. -Oh putain, des Mexicains ont envahit mon appart, j'crois qu'il ont transformés ma coloc en une des leurs ! Je lui lance un petit sourire et lui fait aussi un bisou sur la joue.
-Ah mais Tequila dès le matin, ya rien de meilleur, avec tortillas en accompagnement c'est de la grande cuisine ! J'aurais peut-être jamais voulu me réveiller ce matin là. Mais là la tequila et tortillas c'est sacré chez nous. On ne peut pas ne pas y échapper. On ne peut pas refuser. Même si votre coloc vous réveille en sautant sur votre lit, coiffée d'un chapeau mexicain complétement ridicule.
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