✻✻✻ Sans comprendre pourquoi ni même le vouloir, Erin passa sa main contre la joue de Steafan, prouvant qu’elle pouvait être autrement que distante. Au contraire, elle était maternelle et aimante quand elle s’y mettait et peut-être avait-elle envie d’ôter un peu de peine et de doute au jeune homme, à la hauteur de ses maigres moyens. « Peut-être que tu devrais prendre du temps pour toi, vivre pour toi, dans ce refuge ou ailleurs. Ne pas écouter ta famille, ne pas forcément leur donner de nouvelles toutes les deux secondes… tu es un grand garçon, non ? Tu as brillamment réussi en prime… je crois que tu as mérité de pouvoir faire une pause vis-à-vis des gens qui veulent te dicter ta conduite » reprit-elle en haussant les épaules, preuve qu’elle ne voulait aucunement lui donner de leçon, juste le savoir bien, même en étant amnésique. Après tout, il pouvait aussi prendre cela comme un tout nouveau départ… cela pouvait avoir du bon ! « Tu as vraiment fait du très beau travail, je suis fière de toi » admit-elle ensuite, ponctuant les paroles d’un tendre sourire avant d’arquer un sourcil de surprise. D’un côté, une petite aide financière ne serait pas de refus mais vivre aux crochets de quelqu’un… merci mais non merci. « Pour que ton père rue dans les brancards en me traitant d’intrigante juste bonne à te voler ton argent ? Non, hors de question. Je me débrouille, j’échelonne les achats, pour le moment ça va. Ne prends pas ça pour un excès de fierté, je ne veux pas vivre à tes crochets. Je ne peux pas… » Erin aurait voulu que tout soit plus simple entre eux, retrouver ainsi leur si grande complicité de cet été… mais cela semblait hélas compromis, et cette idée lui arracha un regard triste et une expression ne l’étant pas moins. « Je n’ai pas eu de bébé avant ! » éclata-t-elle de rire. « C’est une grande première pour moi aussi ! Mais tu avais besoin d’aide… pour quoi exactement ? »
✻✻✻ « Tu sais pour quelqu’un qui me conseille de vivre ma propre vie, de ne pas rendre de compte à ma famille, je trouve que tu t’en soucie beaucoup. Tu n’as pas à avoir peur de mon père, j’entends par là que je suis majeure et qu’il n’a pas la main mise sur mon compte en banque… Il s’agit de mon argent, de mes dépenses et je me fiche très bien de ce qu’il pense. Ma proposition sera toujours là, sur la table, à toi de voir si un jour tu en as besoin mais pense au bébé, Erin ou même tout simplement à toi. Je te propose mon aide, ce n’est pas vivre à mes crochets et puis, c’est un peu de ma faute si tu te retrouves enceinte non ? »tenta-t-il de jouer tous les arguments possibles et inimaginables. Steafan ne comptait pas faire de la figuration dans cette grossesse ou même tout simplement dans la vie de sa fille. Il ne voulait pas qu’un autre prenne son rôle, il en était le père et à ce titre, il était normal qu’il participe à la fois à son éducation mais également à ses frais. « Tu sais, c’est mon enfant et pour moi être père, ce n’est pas simplement sourire ou être présent pour son anniversaire. L’amour, l’affection, je lui en donnerai autant qu’il en sera nécessaire et même plus mais j’ai aussi des responsabilités, tu n’es pas toute seule…C’est ce que je veux te faire comprendre, il n’y a pas que toi dans la balance, il y aussi notre fille et c’est mon droit et mon devoir de subvenir à ses besoins. Je sais que j’arrive après la bataille que cela fait six mois que tu gères ta vie, ta grossesse mais je ne vais pas fermer les yeux maintenant que je le sais. » soupira-t-il.
Steafan ne voulait pas la bousculer ni même la pousser dans ses derniers retranchements mais ce n’était pas vivre à ses crochets que d’accepter une pension pour leur fille. Dans le fond, c’était une question de fierté car elle s’inquiétait de l’image qu’elle renverrait à son père. Or, pour Steafan, c’était pour lui l’occasion de faire ses premiers pas de père. Comment pourrait-il se considérer comme le père de l’enfant s’il était exclu de la grossesse et qu’il n’était là uniquement que pour faire les câlins ? A ce titre, elle n’avait qu’à prendre le premier venu, cela reviendrait au même. « Eh bien pour me dire les étages de la grossesse etc. Je n’y connais pas grand-chose… Tu veux boire quelque chose ? Ou même manger ? Je suis un piètre cuisinier mais je peux aller chercher quelque chose en ville »
✻✻✻ « A vrai dire, je ne voyais pas du tout les choses de cette manière… » soupira-t-elle avant de s’asseoir aux côtés de Steafan, non sans prendre sa main au passage. « Je n’ai jamais considéré ma grossesse comme un fardeau, au contraire, c’est sûrement la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie. N’est-ce pas un miracle ? On se connaît à peine, tu ne te souviens presque pas de moi ou à tout le moins de ce qu’on a vécu et pourtant, notre princesse est bien la preuve que ça a existé. Que je ne suis pas folle… » avoua-t-elle en caressant délicatement son ventre rond de sa main libre, où la petite donnait de grands coups. Peut-être était-ce sa manière à elle de dire qu’elle était d’accord avec sa mère ? « Je ne veux pas que tu ne sois dans sa vie que pour faire des câlins, je n’ai jamais voulu t’en exclure, et j’ai bien conscience que tout ça ce n’est aucunement de ta faute. Je n’ai juste… pas l’habitude d’être aidée, je l’avoue. Depuis que j’ai perdu mes parents, j’ai été seule, alors… je crois que je ne réalise pas que quelqu’un puisse me vouloir du bien » reprit-elle en lui souriant doucement, lui lançant au passage un regard attendrit. « Je peux cuisiner quelque chose de simple si tu as de quoi, inutile de te fatiguer à aller en ville… je veux bien boire un verre d’eau si tu as par contre, je suis desséchée ! » plaisanta-t-elle en se dirigeant dans la cuisine en compagnie de Steafan, sans perdre son sourire, pas même lorsqu’elle fut prise d’un soudain élan passionné qui l’incita à le plaquer contre le frigo pour s’emparer de ses lèvres. Ce fut aussi bref qu’intense, mais autant dire qu’en s’éloignant de lui, elle se mordilla la lèvre inférieure. « Désolée, je ne sais pas ce qui m’a pris… heu… sinon, la prochaine étape de la grossesse, c’est l’échographie que j’ai dans une semaine, pour voir si la petite va bien. Dernier examen avant l’accouchement, qui aura lieu en mai… »
✻✻✻ « Oui elle est bien là » murmura-t-il avec tendresse tant Steafan était presque impatient de voir ce petit ange à l’air libre. Il n’avait jamais réellement pris le temps de se poser des questions sur l’avenir. Bien sûr, il savait que tôt ou tard, la question se serait posée puisqu’il était engagé auprès d’une femme mais voilà, il ne l’aimait pas alors qu’Erin, elle, lui inspirait de doux sentiments. Le jeune homme entrelaça machinalement leurs doigts ensemble comme pour lui dire qu’il était là pour elles. « Je suis certain que tu es tout de même entourée d’amis qui ne veulent que ton bien mais je n’ai pas envie que quelqu’un me vole mon rôle de père. Je veux être auprès d’elle, pouvoir avoir mon mot à dire dans son éducation, de pouvoir la protéger et surtout qu’elle ne manque de rien. Seulement, je n’ai pas envie de prendre uniquement soin de notre fille. Tu n’es pas seulement une mère à mes yeux. Je veux être présent pour toi. Nous pourrions peut-être faire un essai… Tu as dit toi-même que tu vivais dans un appartement miteux… Ma maison te plait, pourquoi ne viendrais-tu pas finir ta grossesse ici ? Au moins tu aurais quelqu’un avec qui parler, quelqu’un pour veiller sur toi et tu y seras bien mieux installée… Qui plus est, cela te permettra d’apprendre à me connaitre » lui proposa-t-il soudainement tant il ne voulait pas la voir lui échapper.
« Je vais te montrer la cuisine »lui dit avec un sourire, l’aidant à se relever du canapé pour lui montrer une pièce dont il n’était pas peu fier. Or, la cuisine ne servait jamais à grand-chose puisqu’il ne cuisinait jamais en dehors de ses omelettes ou nouilles de quatre heures du matin. « Tu devrais tout trouver dans les placards, je vais te servir un verre d’eau… Tu préfères plate ou gazeuse ? » lui demanda-t-il en se retournant vers elle pour mieux être plaqué contre le réfrigérateur dans un baiser passionné. Ouah. « Je pourrais t’accompagner ? » lui demanda-t-il l’esprit ailleurs. « Erin… » l’appela-t-il avant de l’attirer à lui pour un baiser langoureux. « Je.. J’en avais envie depuis que tu m’as souris.»
✻✻✻ « Je suis entourée d’amis » admit-elle sans attendre, Erin s’estimant la plus chanceuse du monde de ce côté-là. Non seulement ses amis la soutenaient, mais ils faisaient tout pour la comprendre, l’épauler du mieux qu’ils pouvaient. Seulement, et c’était bien normal, ils possédaient chacun leur vie et la jolie blonde ne pouvait pas se permettre d’empiéter sans arrêt là-dessus… comme être intrusive même en pleine nuit en cas de crise d’angoisse, ou de douleur… voilà pourquoi, en dépit de ses si précieux amis, elle se sentait fondamentalement seule une fois de retour dans son studio miteux. Mais Steafan ne semblait pas d’envie de la laisser seule dans son fameux studio, tant et si bien qu’il lui proposa bientôt un essai… un essai de colocation, de vie en communauté, proposition qui ne pouvait qu’être très alléchante pour la blonde. « Tu serais prêt à supporter mes horaires impossibles, le fait que je ne sois pas souvent là puisque de garde, mon caractère et tout le reste ? » s’enquit-elle aussitôt, souhaitant qu’il sache où il mettait les pieds exactement. D’ordinaire, ce genre de situation se réfléchissait mais puisqu’ils faisaient tout à l’envers, autant y aller carrément. Néanmoins, Erin se prit elle-même de court en embrassant passionnément Steafan, chose qui ne sembla pas lui remuer autant les petons qu’à elle puisqu’il n’en fit aucun commentaire. « Je veux bien de l’eau plate s’il te plaît et bien sûr que tu pourras m’accompagner… c’est mardi matin à dix heures. » Puis son autre baiser. Cette fois-ci, la jolie blonde eut l’impression de sentir son cœur se soulever dans sa poitrine, et battre puissamment au point d’en être quasi douloureux. « J’ai eu peur que mon baiser ne t’ai pas plu… vu que tu n’en n’avais rien dit… tu me prends pour une folle si je te dis que j’ai envie d’essayer de vivre ici, avec toi ? »
✻✻✻ Sa réponse donna tout loisir à Steafan de comprendre que malgré tout, elle se sentait aussi seul que lui. On pouvait être entouré de plein de personnes de bonne volonté mais au final, c’était toujours seul que l’on rentrait chez soi et qu’on mangeait. Le silence, l’écossais le connaissait très bien et même si au refuge, il s’y sentait bien, la perspective qu’elle l’y rejoigne le mettait dans tous ses états. « Techniquement, si tu n’es pas souvent là, je risque d’avoir peu de chance de voir ton véritable caractère mais cela ne m’effraie pas. Lorsque je travaille sur un gros chantier, je peux être d’humeur irascible tant que je n’ai pas trouvé l’inspiration donc ça se trouve, tu auras de ton côté, un peu de mal à ne pas m’étrangler par moment »plaisanta-t-il pour lui faire comprendre que si les deux y mettait du leur, alors, il n’y aurait aucun problème à vivre ensemble.
Non, le plus compliqué sûrement allait de devoir taire cette attirance qui le poussait vers elle. Cette envie de la toucher, de l’embrasser, de l’étreindre et de lui faire l’amour. C’était idiot, il n’y avait pas pensé durant tout ce temps passé en sa compagnie mais depuis son baiser… Ces pensées l’obsédaient à croire qu’elle avait ouvert la boîte de Pandore. Steafan ne résista pas longtemps à la tentation de ses lèvres, l’attirant à lui pour un baiser langoureux. « J’étais encore sous le choc, ce n’est pas tous les jours qu’une femme séduisante me plaque contre mon frigo mais il m’a beaucoup plu. En réalité, il a réveillé en moi des pensées que je m’efforçais de nier en ta présence » lui avoua-t-il en la gardant entre ses bras musclés. « Je te considère pas comme une folle au contraire. Je pense que c’est la meilleure des choses pour nous que tu habites ici mais je refuse que tu fasses la route. Je t’amènerai à ton travail et je viendrais te chercher. Je suis à mon compte, je peux travailler quand je veux donc ça ne me posera jamais de problème » lui dit-il pour couper court à toute protestation. « Et toi, vas-tu me traiter de fou si je t’avoue que j’aime te tenir dans mes bras ? »
✻✻✻ On pouvait très bien être entouré des meilleurs amis du monde et se sentir seul, terriblement seul. Erin en était un exemple parfait. Des amis en or, une véritable seconde famille pour ainsi dire mais cela ne l’empêchait pas de passer souvent ses soirées seule, de manger en solitaire et de s’ennuyer une fois la nuit venue. Rien n’empêchait la solitude de se frayer un chemin chez soi, rien. Hormis l’amour, peut-être… « Irascible, vraiment ? Pas grave, au pire je t’assommerai avec un traversin… ou avec mon gros ventre, c’est très efficace aussi ! » plaisanta-t-elle de bon cœur, même si Erin ne perdait pas de vue une chose : bientôt, son chef de chirurgie ne lui laisserait pas le choix de se mettre en congé maternité et elle serait donc toute la journée à la maison. Peut-être ne valait-il mieux pas mettre la charrue avant les bœufs en lui en parlant… elle ne voulait pas effrayer Steafan pour l’heure. « Tu oserais dire qu’aucune autre femme avant moi n’a osé le faire ? Je le peux pas le croire ! Tu dois avoir beaucoup de succès, beau comme tu es… ce serait immoral dans le cas contraire ! Mais quelles sont ces fameuses pensées que tu veux nier ? » arqua-t-elle un petit sourcil de défi, curieuse qu’il n’ose aller jusqu’à mettre des mots sur lesdites pensées. Erin en serait sûrement follement conquise, mais pour l’heure, goûter une nouvelle fois à ses lèvres lui suffisait presque. « D’accord, j’accepte que tu sois mon chauffeur attitré, ça me fatigue la route, je l’avoue… mais non, je ne te prends pas pour un fou, à moins que derrière tu n’aies quand même dans l’idée que je couche dans une chambre d’ami… je crois qu’on peut y aller petit à petit toi et moi. Je crois que ça ne peut pas nous faire de mal… »
✻✻✻ « Femme violente ? Si tu me menaces de me mettre la fessée, je crie au viol » blagua Steafan, amusé par avance de la voir armée d’un gros traversin pour lui en mettre un coup sur la tête. Cette image devait très certainement peser son pesant d’or. « T’embrasser, te faire l’amour, t’aimer tout simplement… Dois-je continuer ou je peux m’arrêter là ? »lui demanda-t-il après coup puisqu’elle l’avait mis au défi de dévoiler ses pensées. « Mais oui, depuis six mois, je n’ai touché aucune femme tout simplement parce qu’une certaine blonde m’obsédait de trop… Et toi ? Belle comme tu es, tu dois crouler sous les propositions et ne me dis pas qu’une femme enceinte n’est pas désirable. Ta grossesse ne s’est pas de suite vue donc tu aurais très pu avoir un homme dans ton lit »lui posa-t-il la question qui le démangeait depuis quelques minutes. Avait-elle connu quelqu’un après lui ? Elle en avait tout à fait le droit mais quelque part, Steafan savait qu’une réponse positive le blesserait sans en comprendre réellement la raison. « Je pense qu’il serait plus sage que tu prennes ma chambre et que j’utilise la chambre d’amis. Je n’ai pas entièrement fini de la rénover et je ne vais pas te faire dormir dans les pots de peinture etc… Il vaut mieux qu’on y aille en douceur, tu as raison mais dois-je conclure que tu réfléchis sérieusement à ma demande en mariage ? »la questionna-t-il avec un sourire charmeur. Sa proposition n’était pas vraiment romantique mais Erin ne pouvait douter que ce mariage ne serait pas qu’une union de principe. Steafan veillerait à la rendre heureuse, elle et leur enfant. C’était réellement un mariage qui lui proposait mais pouvait-il parler d’amour alors qu’ils se connaissaient à peine ? Non. Ce serait trop tôt. A la place, il aimait se dire qu’ils se donnaient une chance pour que cela fonctionne entre eux.
✻✻✻ « D’accord, je te menace officiellement de te mettre la fessée ! » lui tira-t-elle la langue, retrouvant ses réflexes de femme enfant lui donnant tellement de charme. Erin n’en jouait pourtant qu’une fois seulement en confiance avec quelqu’un, ce qui était le cas vis-à-vis de Steafan, qui l’avait mise en confiance petit à petit, doucement mais sûrement. « Je crois que pour l’instant j’ai ce que j’avais besoin d’entendre… » murmura-t-elle en rougissant doucement, le simple fait qu’il la désire la comblant bien au-delà des mots. Erin avait besoin de se sentir aimée, désirée, voulue. C’était pour ainsi dire primordial pour qu’elle se sente bien dans ses baskets de femme enceinte jusqu’aux yeux. « Je ne dis pas qu’une femme enceinte n’a pas de charme mais non, je n’ai eu personne non plus. Avant toi, je n’avais eu aucune relation en huit mois, par manque de temps et désir d’évoluer dans mon travail, et après toi, tu occupais trop mes pensées et j’étais trop malheureuse de me sentir abandonnée pour vouloir quelqu’un d’autre dans ma vie. Je crois que j’espérais surtout que tu reviendrais et tu l’as fait… je ne pouvais pas avorter non plus… je me disais que ce bébé, c’était une partie de toi, une partie de nous, même si ça n’a pas duré longtemps » se confit-elle avec une franchise à toute épreuve, la jolie blonde étant désireuse qu’il la voie sous un autre angle, celui de la confiance. Elle voulait qu’ils se créent une sorte de cocon à la hauteur de ce magnifique refuge. « Tu sais, tu pourrais dormir dans le même lit que moi, ça ne me dérangera pas et si tu crains que je n’aie les mains baladeuses, je te promets d’être très sage ! Sois raisonnable, si tu n’as pas complètement fini les rénovations, d’une je peux te donner un petit coup de main et de deux tu as toi aussi besoin de dormir comme il faut. Mais oui, je réfléchis à ta demande, comme je te l’ai promis, puisque était très sérieuse ! »
✻✻✻ « C’est là que je crie au viol ?! Dommage, on a pas de voisin avant des kilomètres.. Tant pis, j’assumerai les conséquences d’un viol sur mon état psychique » plaisantait Steafan, signe qu’il se sentait bien en sa présence également. Peu à peu, les réflexes revenaient auprès d’Erin. Il se montrait moins réservé, plus taquin et séducteur à croire que son cœur lui, n’était pas amnésique. « Tu sais que tu es absolument adorable lorsque tu rougis, cela me donne envie de croquer tes joues » murmura-t-il en se penchant vers elle pour déposer un baiser sur chacune de ses joues. Erin était définitivement une femme exquise. Sa compagnie le changeait tellement de celle du Dragon qu’il l’aurait bien gardé dans une tour d’ivoire pour ne pas avoir à se séparer d’elle-même l’espace de quelques secondes. « Notre histoire a connu une pause et non une fin de non-recevoir. J’ignore le temps que cela nous prendra mais je sais que si ma tête a oublié tout ce que nous avons vécu, là… »commença-t-il en prenant l’une de ses mains pour la poser sur son cœur. « Là, ce n’est pas pareil. J’ignore pourquoi ni même comment mais je n’ai pas pu me résoudre à aller vers une autre femme car tu m’obsédais tellement sans que je n’ai pu voir ton visage dans mes rêves. Maintenant, ce serait peine perdue et je ne veux pas non plus songer à aller voir ailleurs. Je veux être présent pour toi et pas seulement en tant que père de ta fille »lui avoua-t-il sans pouvoir mettre le terme amour sur la table. C’était tellement irréaliste de succomber aux charmes d’une femme à cause d’un sourire ; Seulement, il n’avait pas non plus l’intention de nier ses sentiments et s’il n’avait guère de souvenirs de leur idylle, cette dernière était tout de même gravée dans son cœur. « C’est peut-être mes mains que tu devrais craindre. Par contre si tu m’aides pour la peinture, tu me feras le plaisir de porter un masque de protection ! Je comptais la finir la semaine prochaine, je m’octroie des vacances bien méritées »
✻✻✻ « Et voilà comment je peux te menacer avec un traversin sans craindre de représailles ! Balèze non ? » rigolait-elle de bon cœur, Erin étant définitivement très joueuse et d’ailleurs prête à lui faire le coup un jour si elle trouvait un traversin à se mettre sous la main. Pour sûr, cette histoire n’était pas terminée ! « Je ne contrôle pas… » avoua-t-elle en frissonnant sous l’effet des lèvres contre sa joue. Il ne s’agissait que d’un petit baiser mignon, et pourtant, dès qu’il la touchait, de nombreux frissons s’emparaient aussitôt d’elle. Personne ne lui avait jamais fait cet effet-là, non vraiment personne, il était bien le premier… cela expliquait en outre pourquoi elle avait eu tant de mal à s’imaginer dans les bras d’un autre homme. C’était lui qu’elle voulait, lui et personne d’autre. « Je sais bien que ce n’était pas une fin de non recevoir, au fond, j’en ai toujours été persuadée… voilà pourquoi en te voyant aujourd’hui dans cette salle d’auscultation j’ai rapidement lâché le morceau, ne pouvant pas faire comme si on ne se connaissait pas alors que si, justement, on a vécu un truc formidable ensemble » reprit-elle sans le lâcher une seconde du regard, caressant doucement l’emplacement de son cœur sans s’éloigner de lui du moindre millimètre. Dans le fond, cette proximité physique lui faisait énormément de bien. « Je sais que tu veux être présent pour moi et justement, je n’attends que ça. Je ne t’obligerais pas à dormir à mon côté si tu penses que c’est prématuré mais moi ça ne me dérange pas. Par contre, si c’est de la peinture non agressive que tu utilises, aucun risque que les vapeurs soient dangereuses pour moi ou pour le bébé tu sais… les peintres ne portent pas de masque, d’ordinaire ! »
✻✻✻ « Attention, je vais me défendre ! » la taquina-t-il osant même la chatouiller l’espace de quelques secondes pour faire redoubler d’intensité, son rire si adorable. Steafan aurait pu écouter rire Erin durant des heures sans se lasser et quelque chose lui disait que ce serait pour l’éternité et au-delà. « Tant mieux, j’aime quand tu perds le contrôle de cette manière, c’est craquant » répliqua-t-il quelques secondes plus tard alors que le couple abordait le sujet des rougissements de madame. L’écossais trouvait cette femme succulente et il lui serait difficile de ne pas succomber à ce fruit défendu surtout s’ils finissaient par partager le même lit par la force des choses. « Lorsque je t’ai vu pour la première fois dans cette salle, j’ai de suite pensé à un ange mais je ne comprenais pas ce que je lisais dans ton regard. Maintenant si et je ferais en sorte de ne jamais plus te blesser. D’ailleurs, il faudra que tu me donnes ton nom complet pour que je puisse te rajouter à la liste des personnes à prévenir en cas d’urgence. Je ne vais pas commettre les mêmes erreurs que par le passé » ajouta Steafan. Certes, il y a six mois, il ne connaissait pas suffisamment cette femme pour prendre une pareille mesure mais là, tout était différent. Il allait très certainement l’épouser s’il arrivait à la convaincre qu’une vie à ses côtés pouvait être agréable. « Je fais très attention à l’environnement donc toutes mes peintures sont certifiées non agressive. Par contre, tu ne feras rien qui te fatigue d’accord ? Bon allez, et si tu nous préparait de quoi nous sustenter que l’on puisse regarder les dvd de ta grossesse ? Il me tarde de faire connaissance avec ma fille »s’exclama-t-il en déposant un baiser sur son front, se reculant afin de lui servir le verre d’eau qu’elle lui avait réclamé. « Par contre j’ai complétement oublié mais tu m’avais dit plate ou gazeuse ? »
✻✻✻ « Hey c’est pas du jeu ! » rit-elle plus fortement encore, esquissant à son tour quelques chatouilles en faisant bien attention de ne pas se prendre un coup malencontreux. Certes, Erin n’était pas la reine de la maladresse mais un incident stupide est si vite arrivé… elle sourit de plus belle alors qu’il complimentait son charmant manque de contrôle, ses rougissements parlant largement pour elle. « Mon nom de famille c’est Steele. Je m’appelle Erin Steele. S-T-E-E-L-E. Tout simplement ! Mais je sais que tu n’as jamais cherché à me blesser sciemment… je le sais maintenant, sur le moment, quand je suis rentrée dans la pièce pour te soigner, je ne le savais pas. Heureusement que je ne t’ai pas insulté ! » se félicita-t-elle presque avant d’esquisser un grand sourire, s’emparant de la main de Steafan pour l’inciter à s’asseoir dans le canapé, glissant le DVD premier du nom dans le lecteur avant d’allumer la tv, faisant pour ainsi dire comme une maîtresse de maison. « Je vais nous préparer deux roboratifs sandwiches, et toi tu observes… deal ? Et ne t’inquiètes pas, si je suis fatiguée, tu seras le premier informé » lui promit-elle avant d’aller mettre un tablier pour s’attaquer à la préparation de leur plateau repas, Erin évoluant dans la cuisine comme si elle connaissait cette maison par cœur. Au final, elle parvint avec un plateau dans chaque main, son verre d’eau sur l’un, une bouteille de bière décapsulée dans l’autre. « Tu veux que je pose ton plateau où ? Tu t’es bien instruit pendant ma préparation ? » s’enquit-elle avant de s’asseoir après avoir déposé les deux plateaux. Autant dire qu’elle ne se fit pas prier pour attaquer le sien… elle était morte de faim. « Désolée de ne pas t’avoir attendu mais si tu savais comme j’ai faim ! »
✻✻✻ « J’avoue que sur le moment, je n’aurais pas compris pourquoi » rigola-t-il de plus belle car Steafan était tout de même d’une nature assez chatouilleuse. « Cela aurait pu être comique… Remarque, je m’en tire bien puisque tu ne pas insulter mais tu ne m’as pas non plus claqué. Je ne sais pas quelle aurait été ma réaction mise à part de l’étonnement » secoua-t-il la tête car la situation aurait pu être fondamentalement différente à cause d’un malheureux faux départ. Or, là, les choses étaient sereines, agréables, douces. L’écossais se sentait bien avec Erin Steele puisque c’était son nom complet.
Steafan se laissa guider jusqu’au canapé, l’observant prendre ses aises avec un sourire amusé. Erin n’en avait pas conscience mais elle évoluait dans cette maison avec la grâce d’une femme habituée des lieux. C’était perturbant mais amusant à croire que ce refuge l’avait adopté autant que lui. « Deal miss Steele.. J’aime comment ton nom sonne à mes lèvres » lui dit-il dans l’espoir de la faire rougir à nouveau. Cependant, l’attention de Steafan se perdit bien vite dans l’écran de télévision où il entendait le petit cœur de sa fille battre. C’était magique si bien qu’il se pencha en avant pour en profiter davantage, remarquant à peine qu’elle était de retour auprès de lui. « Hein ?! Euh donne, je vais le poser sur la table basse »lui dit-il alors en l’aidant à poser les deux plateaux. « Tu n’as pas à t’excuser voyons, tu manges pour deux ! » secoua-t-il la tête avant de reporter son regard sur la télévision. « C’est magique de se dire que ce petit être est bien au chaud en toi… C’est ouah ! » fit Steafan, à cours de mots. Le jeune homme attrapa son sandwich et mordit à pleine dent dedans. « Ton sandwich aussi est magique, c’est super bon ! »
✻✻✻ Erin ne put décemment retenir un fou rire rien qu’à s’imaginer mettre une baffe magistrale à Steafan, pour mieux se retrouver face à un visage tout étonné, une main sur sa joue rougie. Le tableau avait un je ne sais quoi de comique, bien que la situation ne l’aurait sans nul doute pas été si d’aventure elle s’était risquée à pareille folie… « Je ne me serais jamais permise d’aller jusque là ! Déjà parce que tu n’étais pas tout seul, et en prime parce que j’aurais pu perdre mon travail. Mon amour propre blessé ne valait pas tous ces risques que j’aurais pu prendre en te giflant ! » avoua-t-elle sans perdre pour autant son sourire, même si elle évoquait un possible licenciement. Finalement, elle se félicitait de ne pas être allée jusque là, et de pouvoir actuellement jouir d’un accueil des plus chaleureux dans une maison l’étant tout autant. Un vrai foyer pour une future maman en manque d’amour, ça avait du punch, n’est-ce pas ? « Tu es trop gentil… » murmura-t-elle, légèrement gênée lorsqu’il complimenta son nom de famille, dont elle était fière puisqu’il lui venait de ses parents. Mais rien n’empêcha Erin de se diriger d’un pas décidé vers la cuisine, pour mieux revenir vers le salon où elle trouva un Steafan littéralement subjugué par le son du cœur de leur petite princesse à naître. On l’aurait été à moins… et d’ailleurs, la jolie blonde sortit aussitôt de son sac à main deux petits chaussons roses absolument adorables, qu’elle avait toujours sur elle. « En cas de déprime, je vais les regarder et je suis tout de suite mieux ! Ils sont pas trop choux ? Oh tu sais je mange pour deux mais équilibré parce que je n’ai pas envie de galérer derrière à perdre mes kilos… mais je mange comme il faut, je te rassure ! Vitamines, légumes, protéines, je mange de tout, même de ce que j’aime pas trop parce que je me dis que c’est bon pour elle. Je suis ravie que mon sandwich te plaise mais tu sais, ce n’est vraiment pas grand-chose ! Au fait… il y a quelques temps j’ai réfléchi à quelques prénoms et j’ai pensé que Lou, c’était joli mais… je voudrais avoir ton avis. Que tu choisisses avec moi… »
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