✻✻✻ « Tes parents m’avaient prévenu que tu avais des tendances suicidaires mais je n’aurais jamais cru que tu irais te jeter sous les roues d’une voiture tout cela parce que je t’ai signifié que je ne pourrais pas me libérer pour le choix du gâteau de mariage » s’éleva la voix désagréable d’Ambre Buchan dans l’une des nombreuses salle de soins de l’hôpital. Le sourire du blessé se crispa comme s’il retenait des mots assassins à l’encontre de sa fiancée. Comment pouvait-on être aussi belle mais aussi désagréable ?! Bon sang, à l’idée de lier son Destin au sien, l’écossais en avait des sueurs froides. « Je n’ai pas cherché à me suicider, je t’ai dit pour la centième fois que j’ai été poussé et que j’ai trébuché… Vous ne pouvez pas me lâcher avec cette histoire de suicide ?! Non parce que si cela continue, je vais réellement me jeter sous les roues d’un camion pour ne plus entendre vos conneries » s’emporta-t-il légèrement tandis qu’ils attendaient tous les deux le médecin pour qu’il se fasse recoudre l’arcade sourcilière. D’ailleurs, celui-ci ne tarda pas à arriver sous les traits d’une ravissante blonde, enceinte. Steafan ressentit une pointe d’envie en voyant ce ventre rebondi, comme si quelque chose le poussait à le toucher. « Bonjour Doc’ » lança-t-il avec un sourire poli tandis qu’il abaissait son bras tenant une compresse afin qu’elle puisse voir les dégâts. « Pourriez-vous faire vite ? Je suis attendu à un rendez-vous chez mon coiffeur pour des tests en vue de notre mariage » signifia Ambre, le nez fourré dans son téléphone portable. Steafan avait plus l’impression de se marier à cette chose qu’avec la propriétaire. « Personne ne te demande de rester si tu as mieux à faire et puis, laisse-la donc faire son travail. Excusez-nous docteur ! » répliqua-t-il tout en dardant sur la fameuse médecin, un regard complice comme si elle espérait qu’elle comprenne combien il était agacé par sa fiancée.
✻✻✻ Journée plutôt chargée pour la jolie blonde, dont le dos devenait de plus en plus douloureux. Aujourd’hui, elle était de corvée d’urgences, à recoudre des plaies jusqu’à la fin de sa garde. Mais rien ne lui laissait présager de la surprise qu’elle s’apprêtait à recevoir en pleine figure. Lui. Ici. L’arcade ouverte. Accompagné d’une femme aux traits et au corps magnifiques… Erin déglutit avec difficulté, redressant la tête en voyant qu’il ne faisait aucun commentaire sur elle. Merde, il ne voulait pas se mettre en port à faux par rapport à l’autre nénette ou avait-elle la berlue ? « Bonjour… » murmura-t-elle avant de se diriger vers son petit charriot à roulettes, où se trouvait de nombreuses compresses et autres instruments stériles pouvant lui permettre de recoudre des plaies, notamment. « Effectivement, ce n’est pas jojo… vous vous êtes fait ça comment ? » reprit-elle, aussi imperturbable que possible, même si son bébé n’avait jamais été aussi agité dans son ventre. A croire que le monde entier se liguait contre Erin pour qu’elle ne puisse pas oublier ou continuer à vivre sa vie en solo, sans rien demander à personne… « Il y a une excellente cafétéria si vous voulez attendre votre homme, ou bien je peux m’en occuper et vous passez le reprendre après, ça va prendre un moment et il n’y a pas besoin d’être deux » expliqua la belle blonde, s’armant d’un sourire presque convainquant. Qu’elle soit seule avec Steaphan, qu’on se marre deux minutes ! En attendant, elle préparait une aiguille à peau, des compresses ainsi que de la bétadine en vue de tout désinfecter. C’était primordial. « Vous avez des problèmes avec la vue du sang ou la douleur ? Vous voulez que je vous donne un petit anesthésiant local ? » demanda-t-elle, se renseignant en bon doc compétent.
✻✻✻ « Il a essayé de se suicider une nouvelle fois ! Voilà ce qu’il s’est passé » répliqua Ambre d’un ton où reflétait son agacement. Steafan, quant à lui serra les poings en se retenant de lui sauter à la gorge pour l’étrangler une bonne fois pour toute. « Bordel de merde, j’ai pas essayé de me suicider, j’ai trébuché parce que quelqu’un m’a poussé voilà ! » grogna-t-il en fusillant sa fiancée du regard avant de reposer les yeux sur la doctoresse avec cette fois-ci bien plus de douceur. Cela n’empêcha pas Ambre de se plaindre à nouveau, arrachant une grimace à Steafan. Heureusement, la charmante demoiselle qui visiblement s’appelait Erin d’après son badge, lui proposa plusieurs choix possible. « Tu appelleras un taxi, j’ai autre chose à faire que jouer ta baby-sitter et puis j’ai rendez-vous avec mes amies ce soir. » soupira-t-elle avant de prendre congé sans même accorder à son fiancé, le moindre baiser ou même regard. Il était toujours ainsi entre eux et ce n’était pas pour déplaire à Steafan. « Excusez-là, par moment, elle en serait presque supportable… Pour vous répondre, non je n’ai aucun problème avec la vue du sang et ma tête est encore sonnée donc je n’ai besoin de rien » répondit-il enfin à la doctoresse qu’il trouvait forte charmante. En réalité, elle était belle avec ses cheveux blonds et sa grosse lui allait absolument à ravir. « Cela ne doit pas être la joie tous les jours de recoudre des malchanceux ? » lui demanda-t-il histoire de faire un brin de causette comme s’il ne supportait pas le moindre silence entre eux. D’ordinaire, l’écossais n’avait pas besoin de parler, il ne parlait même que très peu, économisant ses mots. Steafan partait du principe qu’il valait mieux se taire au lieu de raconter des conneries. Sa fiancée devrait peut-être prendre cette devise au pied de la lettre.
✻✻✻ Erin arqua un sourcil face au mot « suicide », préférant prendre avec des pincettes les propos de la demoiselle. Les apparences pouvaient être trompeuses, elle en était un exemple parfait, tant et si bien qu’à son sens, le mot « suicide » n’ait jamais fait partie du vocabulaire de Steafan. Mais peut-être se trompait-elle, à vrai dire… l’homme qu’elle pensait connaître lui semblait subitement bien moins connu. « Entendu » répondit-elle simplement alors qu’il disait n’avoir besoin de rien, ce qui l’arrangeait car moins de temps elle passerait à le recoudre, mieux cela vaudrait pour son équilibre mental. Fondamentalement, c’était bien là le fond du problème, si l’on mettait de côté ses hormones en folie ou sa constante envie de hurler face aux coups de pied virulents de son bébé. « C’est pas la joie surtout quand on connait la personne et qu’elle fait semblant de ne pas vous reconnaître en vous servant du vouvoiement alors que ce dernier n’a pas lieu d’être. N’est-ce pas Steafan ? » Erin n’ayant pas encore consulté le dossier du patient, qui se trouvait près de ce dernier, impossible qu’elle ait eu vent du prénom. N’étant pas extralucide, elle ne pouvait donc que dire la vérité… même si cette dernière ne l’enchantait pas des masses. « Je vais d’abord vous nettoyer la plaie et ensuite je passerai à la suture. Si la douleur est trop forte, dites-le moi » repartit-elle également au vouvoiement, ayant bien compris qu’il ne voulait sûrement pas lui parler et qu’il devait faire comme elle, à savoir avec la situation merdique dans laquelle ils se trouvaient. « Jolie, votre copine. Je ne savais même pas que vous en aviez une pour être tout à fait honnête » soupira-t-elle néanmoins alors qu’elle nettoyait méticuleusement la plaie du jeune homme, assise sur une chaise, à quelques millimètres seulement de lui.
✻✻✻ « Euh on se connait ? » cligna-t-il des yeux en la regardant de façon un poil trop insistante. Il faut dire qu’elle connaissait son prénom et surtout, Steafan avant senti une certaine rancœur dans la tonalité de sa voix. Ce sentiment, il en était devenu un véritable habitué à force de côtoyer toutes les personnes que son ancienne vie avait égratigné pour se construire. L’écossais n’était pas fier de lui mais que pouvait-il y faire ? Il n’allait tout de même pas s’excuser pour quelque chose dont il ne se souvenait même plus ?! « Deux minutes, s’il vous plait, j’ai besoin que vous répondiez à mes questions, est-ce que l’on se connait ? » insista-t-il en lui attrapant le poignet pour la stopper dans ses soins. Pour l’heure, il se fichait bien de son arcade sourcilière, il avait besoin de réponse à ses questions. « Ecoutez, je vais être franc, je ne sais absolument pas qui vous êtes et je ne mens pas… Est-ce que nous étions amis ? Ou j’ai été un salopard avec vous ? » lui demanda-t-il avec une légère grimace. En temps normal, Steafan aurait joué le jeu, il lui aurait dit : Ah mais oui Erin, comment j’ai fait pour ne pas te reconnaitre ; Seulement quelque chose le poussait à se montrer honnête, à ne pas jouer les mecs normaux alors que tout n’allait pas comme sur des roulettes dans sa vie. « Jolie, c’est vite dit ! La plastique est belle mais le reste vaut bien une décharge publique ! Je suis fiancé avec le dragon depuis deux ans mais ce n’est pas franchement un mariage d’amour si vous voyez ce que je veux dire… Bon, on pourrait arrêter ce petit jeu entre nous deux minutes ?! Pour être honnête, je ne sais pas qui vous êtes, ni même ce que nous avons vécu ensemble. Je suis amnésique depuis six mois à cause d’un accident de voiture.. Alors vous pourriez éviter de me regarder avec cet air-là ? »
✻✻✻ Il fallut que Steafan répète la question pour que la jolie blonde cesse son travail en vue de le regarder. Oui, bien sûr qu’ils se connaissaient, sans quoi elle n’aurait sûrement jamais eu vent de son prénom ! Après tout, elle ne savait rien de lui… pas même son statut social. Il pouvait être fils d’ébouer ou très riche qu’elle n’en n’aurait sûrement jamais eu vent, à croire que leur histoire ait pris racine sur un tapis de mensonges… ou de cachotteries, à n’en point douter. « Oui on se connaît, on peut dire ça ! Et je ne joue aucun jeu » précisa-t-elle en se passant une main nerveuse contre sa nuque, ne sachant même pas par où commencer. « Okay, va pour l’amnésie, mais je vois que tu étais au moins un beau menteur avant. Ou tout du moins un beau cachottier, car tu n’as jamais mentionné le fait d’être fiancé » précisa-t-elle en haussant les épaules, partant du principe que désormais, ça n’avait plus aucune importance. Il était fiancé, ne se souvenait pas d’elle et apparemment, Erin n’aurait jamais de place dans son beau petit monde. Ainsi soit-il… « On a eu une histoire cet été. Je pensais que c’était une belle histoire, je me suis sûrement plantée… juillet et août dernier, pour être exacte. Puis en août je t’ai donné rendez-vous à un café, je t’ai attendu cinq heures et tu n’es jamais venu. Fin de l’histoire, rideaux. Satisfait ? Donc je ne peux pas dire que nous étions amis, mais salopard est peut-être une idée à creuser ! » reprit-elle en plantant l’aiguille au tout début de la blessure de Steafan, après avoir changé ses gants. Inutile de tergiverser davantage, de toute manière il ne serait jamais libre… peut-être n’était-ce pas plus pas, au bout du compte.
✻✻✻ Steafan l’écouta sans rien dire, la laissant lui expliquer toute l’histoire, leur histoire. Un vent de panique le prit tout d’un coup à l’idée d’avoir peut-être trouvé la blonde de ses songes. C’était idiot mais pour la première fois depuis qu’il s’était réveillé de son coma, il sentait que quelqu’un allait pouvoir enfin lui apporter des réponses. « Je suis désolé si je t’ai blessé » commença-t-il en passant également au tutoiement. Cela ne servait à pas grand-chose de nier l’évidence car apparemment, ils avaient été amants. « J’ai percuté un arbre, il y a six mois. D’après mes proches et l’enquête, j’ai fait une tentative de suicide mais je suis certain de ne pas être de ce genre-là. Je veux dire, je suis un salopard, tout le monde me le dit mais pas un lâche. J’ai dû avoir mon accident en venant à notre rendez-vous » fit-il songeur tandis qu’elle piquait pour le recoudre. L’écossais étouffa un gémissement de douleur qui se transforma rapidement en grognement. « Je sais que ça va te paraitre dingue comme demande mais est-ce que tu pourrais me sourire juste un instant. J’ai mes raisons… S’il te plait, c’est important pour moi » lui demanda-t-il avec un regard implorant. Le sourire de son inconnue était la seule chose tangible qu’il avait pour la retrouver, un peu comme la chaussure de Cendrillon. Puis, un détail frappa l’esprit de Steafan et son regard fut attiré par le vendre rebondie de la doctoresse. « Est-ce…De combien de mois es-tu enceinte ? » lui demanda-t-il soudainement en se préparant mentalement à faire le calcul. Sûrement n’était-il pas le père du bébé. Cette femme s’était très certainement consolée dans les bras d’un autre homme quand il ne s’était pas pointé au rendez-vous. Cette pensée, curieusement, le fit souffrir pour une raison obscure.
✻✻✻ « J’ai l’habitude » haussa-t-elle les épaules, reprenant un léger masque d’impassibilité car à vrai dire, il ne restait plus que cela à Erin pour ne pas s’effondrer purement et simplement. Cela avait le mérite de lui offrir un dernier baroud d’honneur, qu’il soit efficace ou pas sur le long terme. « Je confirme, je ne te vois pas dans la peau d’un suicidaire, mais ne prends pas nécessairement mon opinion pour argent comptant, il semblerait que je ne te connaisse pas du tout » reprit-elle tout en œuvrant délicatement contre son arcade sourcilière, évitant soigneusement de le regarder pour que l’émotion ne la fasse surtout pas trembler. C’était le moment d’être professionnelle et non dans la peau d’une midinette voyant toutes ses désillusions devenir plus réelles qu’elles ne l’avaient jamais été jusqu’à lors. « Te sourire ? » arqua-t-elle un sourcil d’étonnement, croisant un instant son regard sans lâcher bien évidemment la plaie. Bah, ma foi, Erin n’avait rien à perdre – ni même à gagner en vérité à lui sourire, et ce fut pourquoi elle esquissa un tendre sourire, comme ceux qu’elle lui faisait cet été. Elle reprit bien sûr son masque sitôt le sourire terminé. « Ça ira comme ça, je suppose… » Après tout, il n’y avait rien à espérer de leur « relation » puisqu’il ne l’avait sûrement prise que pour un joli passe-temps. De quoi avoir l’impression de s’être faite avoir dans les grandes largeurs tout du long. « Je suis enceinte de six mois. Mais je ne vois pas ce que ça vient faire là-dedans » mentit-elle toujours sans le regardant, s’évertuant à le soigner avec autant de douceur que possible alors que l’envie d’être brutale et de lui faire mal afin qu’il apprenne la vie était plus que virulente. « J’espère que tu vas être heureux avec ta donzelle. »
✻✻✻ « Cela t’étonnerait si je te dis que je ne sais pas moi-même qui je suis ?! Ce n’est pas forcément évident de se réveiller dans la peau d’un homme que tout le monde déteste et prend pour un crétin congénital. Je n’ai aucun souvenir de mon passé et pourtant, je porte le poids de ce fardeau sur mes épaules. Je ne te jette pas la pierre, tu as sûrement des tonnes de raisons de me détester mais je te remercie de ne pas me martyriser pour autant » lui répondit-il simplement, comme un homme habitué à être traité de la sorte. Steafan s’était habitué depuis six mois à ne pas avoir franchement d’amitiés sincères ou d’être tout simplement jugé. Il le méritait sûrement dans une autre vie. « Oui, j’aimerai que tu me souris s’il te plait » opina-t-il de la tête avant d’être tout simplement subjugué par son sourire. C’était elle. L’inconnue de ses rêves. Elle était la femme dont l’absence lui donnait presque envie de hurler à la mort à chacun de ses réveils. Steafan ferma les yeux un court instant, cherchant à reprendre contenance mais lorsque vous tombez sur la femme que vous aimez sans même savoir qui elle est, cela avait de quoi vous mettre dans tous vos états. « Cela ira merci » murmura-t-il d’une voix rendue rauque par l’émotion. Le coup de grâce arriva peu après : six mois. Elle était enceinte de six mois, tout comme leur relation. Du moins, sa fin. « Je ne l’aime pas. J’ai simplement accepté de l’épouser parce que mon père est malade. Je ne l’ai jamais touché, ce n’est qu’une relation contractuelle alors que toi, toi tu m’obsèdes dans chacun de mes rêves. Si je t’ai demandé de me sourire, c’est simplement parce que dès que je ferme les yeux, je vois une jeune femme, juste son sourire, son rire également… Je n’arrivais pas à voir ses traits mais maintenant si. Réponds-moi, est-ce que je suis le père de cet enfant ? »
✻✻✻ « Vrai que je pourrais user de ma position actuelle pour te faire physiquement mal mais ce n’est pas mon genre et puis cela nous avancerait à quoi ? Tu aurais mal, je ne me sentirais pas mieux, ce serait puéril et sans intérêt. Je suis là pour te soigner et non pour te juger » admit-elle, sachant que l’amnésie changeait beaucoup de choses, surtout au niveau de la potentielle rancœur qu’elle pouvait ressentir. Un énorme gouffre les séparaient et pourtant, Erin ne pouvait s’empêcher de se sentir proche de Steafan, alors qu’elle s’était bien interdit la chose si d’aventure elle le revoyait. Qui plus est, il était fiancé… et ça, c’était rédhibitoire fondamentalement, quoi qu’elle fasse, cette autre femme serait au milieu. « Je ne vois pas trop le rapport entre la maladie de ton père et ton mariage mais je suppose que c’est un peu trop particulier pour moi… par contre, je t’obsède ? » Erin termina le dernier point de suture pour retirer ses gants et ainsi s’éloigner soigneusement du jeune homme, lui tournant légèrement le dos pour cacher son trouble comme ses mains tremblantes. Elle n’avait pas encore mis de petit pansement à son arcade, et cela viendrait, mais pour l’heure elle voulait surtout reprendre son souffle. « Je m’étais toujours juré que je mentirais si j’étais dans une situation pareille mais là ça me paraît difficile alors oui, c’est toi le père mais je ne vois pas ce que ça change. Tu ne te souviens quand même pas de moi et tu vas te marier quoi qu’il advienne alors je vais juste te faire ton pansement pour le moment, tu veux bien ? C’est un peu trop compliqué pour moi là, tout de suite… » Et surtout, les émotions fortes n’étaient guère recommandées dans son état.
✻✻✻ « Il va mourir et il estime que c’est de mon devoir de reprendre l’empire familial et de lui donner un petit-fils ou petite-fille.. Peu importe. C’est compliqué dans ma famille » marmonna Steafan, peu sûr qu’elle comprenne les tenants et aboutissants d’appartenir à une famille très riches et surtout, à la tête d’un véritable empire. L’écossais aurait aimé avoir la chance d’être libre de ses choix et il pensait l’être grâce à son affaire mais dans le fond, il commençait à douter. « Mais oui, tu m’obsèdes. Cela fait des mois que je me réveille avec l’impression d’être l’homme le plus seul au monde, d’avoir raté quelque chose ou plutôt quelqu’un… Toi. Il y a encore quelques minutes, j’ignorais tout de cette inconnue. C’était tellement frustrant de ne jamais mettre de visage ou même de prénom sur cette ombre. J’en étais même devenu amoureux de cette femme onirique avec le besoin presque vital chaque jour de la retrouver comme un mari rentrerait du travail auprès de son épouse » lui avoua-t-il même si cela sonnait fleur bleu et complétement en dehors de son personnage. Steafan ressentait le besoin de vider son sac et il était tellement plus aisé de le faire alors qu’elle lui tournait le dos. Erin devait certainement lui en vouloir, peut-être même le prenait-elle pour un salopard sans cœur mais tant pis, lui, il était amoureux. « Ce que cela change ? Cela change tout. Tu portes mon enfant ! Il est hors de question que j’en épouse une autre. Je dois assumer mes responsabilités et toi, tu vas m’épouser… Est-ce que je peux.. Est-ce que je peux toucher ? » lui demanda-t-il en pointant du doigt son ventre. Steafan avait tellement envie d’établir le contact avec son enfant. « Est-ce que tu sais si c’est un garçon ou une fille ? »
✻✻✻ « Je vois ça ! Je suppose que tu es dans une famille assez riche pour avoir l’épée de Damoclès de perpétuer l’affaire de ton père… je ne connais pas ça, j’avoue » dut-elle mettre en lumière en soupirant. Ses parents lui manquaient, maintenant plus que jamais, ainsi que leurs précieux conseils. Qu’allait-elle devenir sans eux ? Rien du tout. La solitude n’avait jamais pesé si lourd contre les frêles épaules d’Erin, tant et si bien qu’elle comprenait totalement les propos de Steafan, même s’il pouvait très bien ne pas la croire. En ce moment, elle se débrouillait seule pour tout, et bien qu’elle n’ait pas de fiancé contraint, ça n’en faisait pas d’elle quelqu’un sans ennuis d’aucune sorte. « Mais si ça se trouve, ce n’est pas de moi que tu rêvais, c’est tout à fait possible après tout ! Je ne suis sûrement pas la seule nénette blonde que tu as connu dans ta vie… et peut-être pas la dernière qui sait. Je ne sais pas ce qui te rends aussi sûre de toi parce qu’après tout… nous ne nous connaissons pas. On a vécu une superbe histoire mais de deux mois ! Tu n’as pas pu rester plus, d’après tes dires… et après, je ne t’ai jamais revu » expliqua-t-elle avant de se tourner brusquement vers le jeune homme, énonçant pour ainsi dire des paroles choquantes pour elle. « Comment ça « je vais t’épouser » ? Tu es fiancé à quelqu’un d’autre je te ferais remarquer ! » s’emporta-t-elle légèrement avant de se passer une main sur le visage et d’approcher, maladroitement, pour placer ses deux paumes contre son ventre très arrondi. Cela tombait bien, le bébé avait rarement été aussi agité qu’en cet instant. « Oui bien sûr que je le sais… c’est une petite fille… »
✻✻✻ « L’une des familles les plus riches d’Ecosse. Je présume que cela non plus, je ne t’en avais pas parlé… Dis-moi, je ne me suis pas inventé une vie ? Je veux dire, je ne t’ai pas sorti que j’étais agent secret pour te séduire ?»osa-t-il une légère plaisanterie mais son cœur était au supplice car il avait reconnu celle qu’il attendait depuis des mois sans jamais réussir à la trouver. Et voilà qu’elle était là, face à lui, enceinte de six mois. Un enfant qu’ils avaient conçu ensemble mais était-il le fruit d’un amour partagé ou alors simplement d’une étreinte un peu trop passionnée ? Bonne question. Quoiqu’il en soit, Steafan était persuadé qu’il ne s’était pas caché face à Erin. Cette femme aspirait la confiance et très certainement avait-il dû être lui-même pour la première fois de sa vie d’où le fait qu’il ne lui ait rien dit sur sa famille. « Non je sais que c’était de toi. Ton sourire… J’ai tout oublié sauf lui » n’en démordait pas l’écossais. Erin était bien celle qui le poursuivait depuis six mois dans ses songes. Il en était persuadé. « Cette historie entre nous… Tu n’as pas l’air d’y tenir… Je présume que tu attendais simplement à ce que je prenne mon rôle de père au sérieux et basta ? Il va falloir t’y faire… Tu portes mon enfant alors tu m’épouseras » poursuivit-il sur sa lancée. Erin était celle qu’il l’aimait et elle aurait beau se débattre, Steafan était bien trop égoïste pour la laisser filer aussi facilement. « Et puis oublie cette histoire de fiancée… Justement, je ne suis pas marié donc je peux très bien casser les fiançailles si bon me chante » ajouta-t-il même avant que l’émotion ne le fasse taire. Son bébé, sa petite-fille tapait contre sa main et machinalement, il caressant ce ventre rebondi. « Elle cogne fort… Est-ce douloureux ? »
✻✻✻ Pour la première fois depuis le début de leur entrevue, Erin se permit un éclat de rire. Elle aurait bien voulu voir Steafan inventer les pires bobards pour faire en sorte qu’elle le croit agent secret. Cela avait une dimension bien plus drôle que tout ce à quoi elle avait pensé depuis qu’elle avait mis les pieds dans cette salle. « Nan, tu n’as rien inventé de tel. On n’a pas beaucoup parlé de nos jobs, de nos vies. On s’est marré, surtout, en fait. On a dansé, on a fait du cheval sur la plage, on a bu des cocktails… jamais jusqu’à en être bourrés hein ! C’était un peu un moment paradisiaque, que j’aurais voulu ne jamais voir finir » admit-elle d’un air légèrement rêveur, la jolie blonde ayant conscience d’être une indécrottable romantique dans cette seconde précise. Mais ce sentiment fondit comme neige au soleil face au propos du jeune homme qui la fit littéralement bondir. « Quoi ?! Jamais de la vie ! Je veux bien être une saloperie à bien des égards mais je ne comptais pas te demander juste d’être le paternel et puis chacun chez soi ! Ce n’est pas comme ça que j’imaginais les choses… écoute ce n’est pas plus évident pour moi, je t’ai attendu pendant cinq heures au café, mon test de grossesse en main, prête à te supplier te faire ta vie avec moi-même si tu ne me connaissais pas et puis plus rien… désillusion totale… tu m’excuses d’avoir besoin de quelques secondes pour digérer le fait que tu sois ultra riche et que tu m’imposes le mariage sans demande romantique ! » mit-elle en avant, levant les mains dans un geste désespéré. Pas évident à gérer, comme situation, même si sa petite princesse mit tout le monde d’accord, l’incitant à déposer ses mains contre celles de Steafan. « Un peu… mais j’ai l’habitude maintenant, c’est une excitée de la vie comme sa mère ! »
✻✻✻ « Cela me rassure alors pour faire simple, je suis architecte, j’ai ma propre affaire et mon père cherche désespérément à me faire épouser une fille de ; simplement pour l’image que cela pourrait donner à notre famille. Il n’aime pas mélanger les torchons et les serviettes mais personnellement, je n’ai pas ses considérations… Enfin mon moi d’avant peut-être, je ne sais pas ! J’avoue que je ne pose pas la question de peur de connaitre la réponse »haussa-t-il les épaules mais la question de l’acceptation de soi taraudait beaucoup Steafan car il avait l’impression d’être un nouveau-né depuis six mois mais avec un casier judiciaire long comme le bras. « Je regrette de ne pas m’en souvenir, cela avait l’air d’être bien » soupira-t-il bien qu’il était soulagé d’avoir réussi à la faire rire au moins un peu avec son sens de l’humour approximatif. « Je ne sais pas quoi te dire Erin… Je crois que je pourrais m’excuser pendant des heures, cela n’enlèvera rien aux sentiments qui ont dû te traverser durant cette attente mais ma demande n’est peut-être pas romantique, cela n’enlève rien qu’elle est bien présente. Je consens que c’est beaucoup pour toi alors réfléchis et tu me diras ce qu’il en est dans une semaine ? » lui proposa-t-il en espérant secrètement que son désir de faire partie de sa vie puisse la forcer à accepter. Qui sait, elle le ferait peut-être dans un premier temps pour leur fille à naitre mais au fil des années, l’amour scellera leur union. « Je te plains… ça cogne dur ! » murmura-t-il avant de se pencher vers son ventre. « Hey là-dedans, tout doux, ta maman n’est pas un punchingball »s’adressa-t-il à sa fille avant de se relever, gêner. « Hum. C’était idiot de lui parler comme ça… Tu dois me prendre pour un fou » marmonna-t-il.
✻✻✻ Erin se mit à réfléchir vite et bien car malgré les apparences et la blondeur de ses cheveux, elle n’en demeurait pas moins extrêmement intelligente et fine d’esprit. « Donc, si je te suis bien, ton père veut te faire épouser une fille de, le fameux dragon qui est parti sans une considération pour toi tout à l’heure ? Je doute que ton paternel soit très ravi que tu veuilles épouser quelqu’un comme moi… je n’ai pas d’argent, pas de titre, pas de position dans la société pour l’instant puisque je ne suis encore qu’interne. Mon père s’était fait un nom mais pas moi, pas encore… de plus, je suis certaine qu’il ne manquera pas de penser que je t’ai tendu un piège en tombant enceinte de toi et que j’en ai après ton héritage, j’ai l’habitude de ce genre d’amalgame débile » soupira-t-elle en haussant les épaules, ayant elle-même l’impression d’être au cœur d’une situation non pas seulement complexe mais périlleuse, or, le stress était prohibé dans son état, son gynéco ne cessait de le lui répéter à longueur de temps. « Une semaine, ça peut le faire si jamais j’ai l’occasion de passer du temps avec toi… ce n’est pas en étant chacun chez soi sans se voir que je me ferais une idée, il ne faut pas rêver. » Puis merde, Erin ne voulait pas être la seule à mouiller la chemise, même si Steafan ne devait pas être en meilleure position. « Un fou ? Non… aussi curieux que ce soit, tu l’as un peu calmée, touche… » lui apprit-elle en reprenant sa main pour la déposer sur son ventre très arrondi. « Je fais ton pansement ? Je suppose que tu es attendu après… » proposa-t-elle, revenant ainsi à la raison de sa visite car malheureusement, il fallait bien y revenir…
✻✻✻ « Tu apprendras très vite en me côtoyant que je passe mon temps à décevoir mon père. Il finira par mourir et qu’est-ce qu’il me restera ? Rien si ce n’est que mes yeux pour pleurer. Il peut s’époumoner, me couper les vivres que sais-je encore, ce sera ma vie, mes décisions. Je gagne très bien ma vie avec mon étude alors je peux très bien subvenir aux besoins d’une famille. Quant aux restes, ce ne seront que des racontars et je me fiche de ces derniers. La question est plutôt : est-ce que toi, tu es prête à prendre ce risque ? »lui retourna-t-il la question car après tout, elle n’avait peut-être pas envie de se marier avec un héritier qui tôt ou tard, devra mettre le pied à l’étrier car son frère et sa sœur n’en ont aucunement l’intention. Steafan était un homme plein de principes et très traditionnaliste. Une des raisons qui l’avait fait se fiancer avec le dragon car faute de retrouver son inconnue, il pouvait toujours perpétuer le nom des Carmichael. Or, non seulement il avait retrouvé Erin mais elle attendait également leur enfant. La situation ne pouvait qu’être plus claire dans son esprit : ce serait elle ou personne d’autre. « Sans problème, nous pourrons passer toutes les soirées que tu veux ensemble voire, tu pourrais venir pour un week-end chez moi. Je rénove une vieille maison mais elle est parfaitement habitable. J’ai réalisé tous les grands travaux »rétorqua-t-il pour prouver sa bonne foi concernant cette demande en mariage. Sa fille vint alors à son secours, se calmant un peu à l’entente de sa voix, ramenant Erin à se rapprocher de lui, une nouvelle fois. « Je dois juste passer à mon étude pour signer deux trois papiers mais j’ai ma soirée de libre après… Tu es de garde ce soir ? » lui demanda-t-il en la laissant s’occuper de son pansement.
✻✻✻ « Peut-être que j’en parle parce que justement, on ne se connait pas encore vraiment. Dans ma tête, on épouse l’être aimé en connaissant ses goûts, ses dégoûts, ce qu’il fait, ce qu’il compte entreprendre… j’ai surtout besoin de connaître l’homme dont j’attends une petite fille, c’est tout ce que je souhaite. Que tu sois riche ou non, je ne le prends même pas en considération car pour moi, l’argent n’est pas la finalité de tout et n’a jamais vraiment rendu heureux ceux qui en possède » expliqua-t-elle son point de vue, ne fermant aucunement la porte à sa question et ne lui énonçant pas non plus de refus. La connaissance est le premier pouvoir en ce monde, ce n’était certainement pas à Steafan qu’Erin allait l’apprendre, pas alors qu’il venait d’une famille importante et puissante, au-delà de l’argent. Le nom semblait même plus imposant encore que le reste, bien que la jolie blonde n’en n’ait jamais eu vent avant aujourd’hui. « Pour un architecte, réalisé tous les grands travaux… tu n’es pas censé surtout dessiner les plans et diriger ? Mais mettre la main à la pâte, c’est sûrement encore mieux… moi je veux bien passer un weekend dans cette maison. Justement, je suis en congé ce soir, ça tombe impeccable. » Bien sûr, Erin prit soin de faire un bandage au millimètre avant d’ôter à nouveau ses gants pour les jeter à la poubelle à proximité. « Tu veux que je passe à ton étude avec un sac ? Si oui, à quelle heure ? Je ne sors pas d’ici avant au moins vingt heures, je suis d’astreinte aux urgences aujourd’hui et je ne peux jamais savoir par avance de combien de patients je vais devoir m’occuper. » La joie de l’internat, mais après tout… elle l’avait voulu, même si c’était épuisant dans son état.
✻✻✻ « Je comprends mais je risque de te faire déchanter. Je ne sais pas grand-chose sur moi mise à part mes passions qui visiblement sont restées les mêmes. Tout ce que je sais, je le tiens de ma famille ou de mes proches donc on ne peut pas dire que cela soit une source véritablement sûre vue la haute estime qu’ils ont de moi. En réalité, c’est idiot mais je comptais sur toi pour me dire comment j’étais ! Je ne sais pas, j’ai l’impression que tout était différent avec toi » soupira Steafan qui encore une fois, se confrontait aux limites de son amnésie. Il craignait tellement qu’Erin ne retrouve pas l’homme pour lequel elle avait éprouvé cette passion. Et si le soufflet retombait et si elle se rendait compte qu’il n’était qu’une aventure de vacances intense mais éphémère ?! « J’aime le bricolage, créer des choses mais surtout travaillé le bois. J’ai réalisé tous les plans de rénovation moi-même et je me suis chargé des travaux. C’est un peu mon refuge »avoua-t-il en se passant une main sur la nuque, gêné d’être aussi intime avec mon chez moi ; Seulement, c’était devenu réellement mon havre de paix. « Cela tombe bien, je quitte rarement mon travail avant cette heure-là… Tu sais quoi, tu n’auras qu’à me dire quand tu es prête et je viendrais te chercher comme ça, si tu as une urgence, je m’occuperai avec mon travail en retard. Oh et prends un maillot de bain, j’ai un jacuzzi donc si tu veux te détendre durant ce week-end, autant en profiter »lui dit-il en sortant une carte de visite de son portefeuille où il inscrivit son numéro de portable. « Au moins cette fois-ci, tu auras de quoi me joindre » lui dit-il en plaisantant pour mieux se payer le luxe de déposer un baiser sur sa joue ainsi qu’une caresse à son ventre comme s’il désirait saluer sa fille en même temps.
✻✻✻ Erin émit volontiers un petit rire. « Eh bien je peux te dire l’image que j’avais de toi, ce que l’on a fait, ce que tu m’as dit mais si ça se trouve, ça ne te donnera aucun indice sur l’homme que tu étais avant ton amnésie… tu as très bien pu agir différemment avec moi » mit-elle en avant en esquissant une petite moue désolée. La jolie blonde avait l’impression que Steafan était différent en sa présence, et c’était pour cette raison qu’elle avait développé d’aussi puissants sentiments en si peu de temps à son égard. Elle hocha néanmoins la tête, ravie qu’il lui fasse visiter son refuge, se demandant s’il avait déjà emmené des amis ou bien si elle serait la première à en faire la visite. Dans un cas comme dans l’autre, elle en demeurait flattée. « Un maillot de bain ? Je n’ai pas vraiment le physique d’une sirène actuellement mais pourquoi pas… oh et attends, je te donne également mon numéro, que tu ne m’échappes pas une nouvelle fois » s’amusa-t-elle à répondre en s’emparant d’un morceau de papier pour noter son propre numéro de téléphone, ainsi que de biper, au cas où. Elle rougit légèrement lorsqu’il déposa un baiser contre sa joue et caressa son ventre, le laissant presque partir à regret. Erin avait presque eu envie de lui dire d’être prudent mais au final s’était retenue : sa famille devait bien assez l’emmerder avec ce genre de phrase toute faite. A la place, elle attendit patiemment que n’arrive la fin de sa garde pour l’appeler, passant chez elle à la vitesse de l’éclair pour mieux venir le retrouver à son étude armée d’un simple sac à dos. « Tu veux que je te suive en voiture peut-être ? J’ai fait aussi vite que j’ai pu en tout cas ! »
✻✻✻ « Tu as raison, je crois que je suis condamné à vivre dans ma peau »plaisanta Steafan avec un léger sourire. Il finirait par s’habituer à n’avoir jamais aucune réponse mais qu’importe, s’il s’était déjà construit une fois, il le referait car c’était dans sa nature de se battre et ça, pas la peine d’être lui-même pour le savoir. Cela coulait de source rien qu’en voyant les choix de son ancien lui : une maison à rénover au lieu d’un achat neuf, son étude d’architecture au lieu de la place confortable que lui offrait son père. Steafan Carmichael était un mystère mais certains aspects de sa personnalité le rassuraient. « Au contraire, je te trouve très séduisante avec tes formes de femme enceinte alors tu n’as aucune crainte à te dévoiler devant moi mais si tu préfères, je te laisserai jouir du jacuzzi en solo » répliqua-t-il pour lui laisser le choix. La seule chose pour laquelle, il ne lui donnerait pas de seconde option était bien leur mariage. Elle acceptait ou elle acceptait. Certes, sur le papier, elle pouvait toujours dire non mais l’écossais saurait trouver les arguments. « Promis, je ne t’échapperai pas cette fois-ci »lui dit-il avec un petit clin d’œil avant de se pencher vers elle pour déposer un baiser sur sa joue et une caresse sur son ventre. Il lui tardait déjà de la retrouver, elle et cette faible rougeur qu’il devinait sur ses joues.
Steafan eut beaucoup de mal à se concentrer sur son travail, n’arrêtant pas de penser à elle, à se demander ce qu’elle ressentait pour lui, son opinion sur leurs retrouvailles. Toutes ses questions l’obsédaient complétement. « Non, on va prendre ma voiture, j’habite un peu dans la verte du coup, tu risques d’avoir du mal à me suivre et puis, c’est plus prudent. Tu aurais dû me dire, je serais venue te chercher… Il est inutile que tu te fatigues plus que de raison car je présume que cela ne doit pas être évident d’être interne en médecine et enceinte. D’ailleurs, comment se passe ta grossesse ? Est-ce..Est-ce que tu as eu des échographies, des choses dans ce genre ? »
✻✻✻ « Au pire, tu peux vivre comme bon te semble, tu n’as pas vraiment de compte à rendre au monde, tu es majeur ! » s’exclama-t-elle, l’encourageant silencieusement à vivre surtout pour lui-même et non pour les autres. Steafan devait se construire de son côté, sans écouter Pierre, Paul ou Jacques et pas même Erin, alors qu’elle pouvait tout à fait lui dépeindre un premier portrait de lui… bien plus flatteur que celui du père du damoiseau, à n’en point douter ! « Mais non pourquoi me laisser le jacuzzi en solo ? Tu peux venir, je te prévenais juste que bah… j’ai pas de mal à flotter c’est tout ! » ironisa-t-elle sur ses formes, ne les trouvant pas repoussantes, étant même fière de les arborer mais il pouvait aussi bien trouver cela repoussant… qui était-elle pour lui en vouloir, après tout ? « Tu n’as pas intérêt… » murmura-t-elle énigmatiquement, avant de le laisser filer, lui faisant la surprise de venir le retrouver à son étude quelques heures plus tard. Probablement avait-elle fait cela pour avoir le temps de repasser chez elle prendre des affaires, ou pour gagner du temps, allez savoir… quoi qu’il en soit, elle arborait un joli sourire conquis, charmée qu’il prenne des nouvelles de sa santé et de sa grossesse. « Je suis habituée à un rythme soutenu et ça va quand la petite me laisse dormir, ce qui n’est pas forcément évident en ce moment… mais oui, j’ai apporté les clichés et les deux DVD que j’ai des échographies. Elle se porte comme un charme, ce sont les mots de mon doc ! Mais on regardera tout ça ensemble chez toi si tu préfères… tu avais quelque chose à finir peut-être ? Tu veux que je t’attende dans ta voiture ? » demanda-t-elle, n’ayant pas l’intention de s’imposer de quelque manière que ce soit.
✻✻✻ « Oui mais c’est plus facile à dire qu’à faire » murmura-t-il comme par lui-même car fondamentalement, Steafan se raccrochait à toutes les personnes le connaissant, à sa famille même si ces derniers n’étaient que des visages étrangers. Le seul qui lui semblait familier se trouvait présentement devant lui, enceinte jusqu’aux yeux. Le jeune homme n’arrivait pas à se dire qu’il allait être père dans quelques mois, c’était tellement surréaliste. Après tout, il était tombé amoureux d’elle dans ses songes et voilà que sans avoir le moindre souvenir de la conception, elle se trouvait devant lui, telle la vierge Marie. Pourtant, cette grossesse ne lui faisait pas peur, au contraire, il avait toujours aimé les enfants. Toujours. C’était tellement abstrait car pour lui, il ne vivait que depuis six mois et non trente et un ans. « Et je maintiens ce que j’ai dit, je te trouve très séduisante donc je n’aurais aucun mal à me tenir près de toi » répliqua-t-il tout en pensant en son âme et conscience qu’il risquait même d’avoir du mal à la regarder dans les yeux tant ses formes étaient généreuses mais extrêmement bien placées.
« J’ai hâte de voir tout cela alors ! » s’exclama-t-il alors qu’ils se trouvaient dans son bureau et qu’elle lui avait parlé des photos et autres dvds. Steafan l’aurait bien embrassé pour la peine mais il ne voulait pas lui faire peur. Sûrement était-ce trop tôt même si une force invisible le poussait vers cette femme. « Je finis juste d’envoyer un mail, assis toi ! Il est hors de question que je laisse ma femme enceinte attendre dans la voiture dans le froid alors qu’ici, elle a tout le confort » répondit-il avant de se rendre compte du mot qu’il avait employé. « Enfin tu m’as compris, tu es enceinte..Bref ! Je me dépêche » marmonna-t-il si bien qu’une grosse demi-heure plus tard, ils étaient dans son salon. « Bienvenue chez moi ! »
✻✻✻ « Personne n’a dit que c’était forcément facile » avait-elle simplement ajouté, ne préférant pas s’en tenir à ses seconds propos, trop craintive de ne le voir disparaître à nouveau. Après tout, c’était probable : avec la famille que se trimballait Steafan, rien que son père se ferait sûrement une joie de l’éloigner bien soigneusement de la demoiselle. Erin n’aurait probablement aucune chance de le voir sur la longueur, voilà pourquoi elle prenait leurs retrouvailles avec des pincettes… ce n’était pas le moment de s’enflammer, même si, lorsqu’elle fut enfin dans le bureau du jeune homme, elle émit un petit sourire face à sa façon de l’appeler. « C’était mignon, panique pas je ne vais pas hurler comme une groupie hystérique » s’amusa-t-elle à répondre, s’asseyant docilement sur une chaise en face du bureau de Steafan, attendant patiemment qu’il n’envoie le fameux email. Ce n’est qu’une grosse demi-heure plus tard qu’ils furent enfin arrivés à la fameuse maison, qui plut immédiatement à Erin. Elle en regardait les moindres détails, un grand sourire aux lèvres, ne lâchant pas pour autant son sac à dos. « C’est magnifique, tu es doué ! Tu as déjà invité quelqu’un d’autre ou bien je suis la première ? » demanda-t-elle, curieuse de le connaître un peu plus même si son vis-à-vis ne pourrait sûrement pas la renseigner sur ce point à cause de son amnésie. « On dirait plus qu’un refuge, mais aussi une maison pour fonder une famille, c’est étrange… bon, faut dire que j’habite dans un studio miteux et que je viens d’acheter un berceau non sans mal financièrement, alors je ne suis pas habituée à tout ça… mais j’aime beaucoup cette maison, tu dois beaucoup te plaire ici ! » avoua-t-elle en se tournant vers lui pour lui sourire, ayant de fouiller dans son sac pour lui tendre clichés et autres DVD de ses échographies. « Voilà pour toi ! »
✻✻✻ La maison était en réalité une sorte de petit chalet près d’un lac. L’endroit était très éloigné du centre-ville, offrant à son occupant, le calme et la sérénité auxquels il aspirait depuis sa sortie de l’hôpital. Il aimait cet endroit plein de charmes où la nature vivait en harmonie avec les murs de ce refuge. Les pièces étaient spacieuses mais décorées avec goûts rendant l’ambiance chaleureuse. « Non, je ne pense pas. Apparemment, j’ai un appartement en ville où je reçois mes amis et ma famille. Du moins, c’est l’adresse que l’on m’a donné lorsque j’ai demandé où j’habitais. Je suis tombé sur cette maison vraiment par hasard lorsque je fouinais dans mon propre bureau. Je suis venu et c’est là que j’ai compris que je vivais ici… En ville, l’appartement est design, vide, limite un appartement témoin alors qu’ici, lorsque je suis arrivé, il régnait une pagaille monstrueuse »lui répondit-il avec un sourire amusé. Steafan avait alors visité de fond en comble sa demeure, se sentant pour la première fois en accord avec lui-même. « Je pense que je cache cet endroit parce que justement, elle reflète le véritable Steafan et que mon ancienne vie devait cacher par peur d’être jugé ou que l’endroit ne soit souillé. En tout cas, je suis d’accord avec toi, cet endroit est parfait pour éléver une famille » termina-t-il par dire en posant son regard sur son ventre comme s’il espérait qu’elle accepte de venir ici. « Je peux te verser une pension pour couvrir les besoins du bébé même si je me doute que tu n’es pas du genre à accepter ce genre d’aide mais ça me ferait plaisir de m’impliquer financièrement dans ta grossesse et puis, j’ai envie de t’être utile de toutes les manières possibles »lui dit-il en se rappelant qu’il l’avait considéré comme sa femme, un peu plus tôt dans la soirée. Erin termina par lui tendre les clichés et les dvds, s’attirant un sourire heureux de la part de son vis-à-vis. « Je compte sur toi pour m’aider, c’est le premier bébé que je vais voir »s’exclama-t-il en la conduisant vers un imposant canapé.
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