—Andy & Levi—

And I'm gonna kill ya

Il n’a pas l’habitude de se planter dans les commandes normalement et il était persuadé que ce n’était que pour demain après-midi, mais en recevant le message indiquant 22h, ce soir même, ce fut un vrai choc pour lui. Alors, comme un con, il se presse pour réussir à faire un gâteau, aux fleurs de cerisiers, impeccable et lorsqu’Aya passe par-là pour le questionner, il grimace. « Rentre, je ferai la fermeture, j’ai oublié quelque chose à faire pour une amie. » Ou plutôt, pour l’amie d’une amie…. Autrement dit, personne qu’il ne connait réellement et il en a presque oublié sa tête. Elle doit être blonde. Non rousse ! Ou blonde. Argh, poisson rouge. Il est vraiment peu doué pour ça, heureusement que ce n’est pas la même chose avec les paroles et les musiques pour le groupe ou encore les recettes pour ici, autrement, il serait mal barré.

Le temps passe vite, relativement vite. La boutique est vide, les employés sont partis et lorsqu’il observe l’heure, il remarque qu’il sera bientôt 22h, la cuisson est en route mais il lui reste encore toute la décoration à fignoler. Allez courage, le stress c’est bon après tout non ? Alors, il se lave les mains, puis, il attrape les pétales de fleurs comestibles et comment à les trier pour en trouver de tailles similaires et pouvoir reconstituer une cascade de fleurs sur le gâteau. Il espère que ça plaira. Après tout, ce n’est que pour deux personnes, mais malgré ça, il veut faire les choses bien. On ne demande pas sa copine en mariage tous les jours et il trouve ça encore plus romantique le fait que ça soit à propos de deux femmes. Allez savoir pourquoi. Peut-être parce que ça change.

La cuisson finit, il passe rapidement aux décors qui se veulent compliqués et raffinés, cela dit, il est plutôt content de ce qu’il en fait et termine avec minutie lorsque la clochette retentit. Sûrement elle vu l’heure. Il s’essuie les mains après son tablier et dépose le gâteau dans une boite transparente avant de venir rejoindre cette fameuse Judith, cependant, une fois devant le jeune homme, il se fige et perd son sourire en fronçant les sourcils. « Nani… » Il penche lentement sa tête sur le côté. « Pardon mais… C’est fermé, j’attends juste une dernière cliente pour une commande… »

Ah, mais qu'est-ce qui m'a pris de répondre a ce message envoyé par erreur ? Aux dernières nouvelles, non, je ne m'appelais pas Judith... mais oui, je m'ennuyais, alors oui j'ai quand même joué le jeu avec cette pauvre personne, à l'autre bout du fil. « Andy », ça ne m'indiquait pas trop s'il s'agissait d'une fille ou d'un garçon, d'ailleurs. Mais je savais au moins que son nom était japonais et où se situait notre point de rendez-vous. Pris d'un petit élan de culpabilité au bout d'un moment, j'avais quand même hésité à lui dire qu'il ou elle s'était trompé de destinataire vers la fin de notre conversation par sms, parce que c'est vrai qu'une histoire de pâtisseries a 22 heures, c'était quand même bien chiant a faire et que j'avais du lui mettre une pression de malade pour rien. Pour le coup, je m'étais senti pousser des petites cornes sur la tête et avais rangé mon auréole sous ma veste... j'étais quand même un sale gamin, quand je m'y mettais.

Après avoir vérifié l'adresse de la pâtisserie sur google, je pris note des coordonnées et partis me changer pour être prêt une fois que l'heure de partir arriverait. Oh, rien de bien particulier, il était déjà tard et je ne voulais pas trop me prendre la tête... mais pour un samedi soir, c'était toujours mieux d'avoir quelque chose à faire que de m'ennuyer ici. Je me contentais donc d'un pantalon noir et d'un pull col roulé blanc avant de passer devant le miroir pour vérifier ce que ça donnait. Hmpf... avec le stress du nouveau travail et le changement de domicile qui me rendait nerveux, j'avais un peu perdu de la masse et comme c'était quelque chose qui se voyait tout de suite sur moi, il était sérieusement temps de me remettre au sport pour reconstruire les trois kilos de muscles qui manquaient par rapport à d'habitude. M'enfin, c'est pas grave, j'aimais quand même ce que je voyais. Fallait pas être trop difficile non plus, dans la vie....

Bref, l'heure passa très vite avant qu'il soit temps de sortir et une fois de plus, je me sentis un peu coupable, ce qui ne m'empêcha pourtant pas d'entrer dans ma voiture ni d'allumer le moteur pour laisser le GPS me guider jusqu'à la pâtisserie de l'inconnu(e). C'était encore allumé... d'ailleurs. Evidemment, si la personne s'y trouvait. Bon, allez, bref. Je quittais ma place derrière le volant et sortis du véhicule pour m'approcher de la porte avant de pénétrer à l'intérieur. C'était super joli, ici... vraiment. Quelle belle découverte. Je laissais ainsi mes yeux scruter les lieux avec intérêt jusqu'à ce qu'une vois masculine m'interpelle et attire mon attention vers l'arrière de la boutique. Badaboum, mon regard se riva sur l'individu pour immédiatement le scanner des pieds à la tête : j'aime bien. Encore plus avec les restes de farine sur le bout de ses joues. Ouais, t'es mignon, je t'aime bien... c'est ça, penche la tête sur le côté comme un petit chat, aww. « Pardon mais… C’est fermé, j’attends juste une dernière cliente pour une commande… »  Mes grands yeux s'ouvrirent d'un air presque choqué derrière ma longue mèche grise et je rougis aussitôt violemment à ses paroles. « Je... je... » Je me passais une main dans la nuque d'un air gêné, puis sortis mon téléphone pour le lever. « C'est de ma faute, je crois. C'est à moi que tu as envoyé les messages... » Et là, je me serais mis des claques à moi-même de lui mentir de la sorte si je ne me trouvais pas aussi cool, dans le fond. « Je croyais que c'était pour moi, vu que j'ai aussi... je pensais qu'il s'était juste trompé de nom... hum... je suis vraiment désolé ! » Je baissais un peu la tête avant de quand même m'approcher du comptoir, puis déglutis tout en me mordant  pensivement la lèvre et en réfléchissant à haute voix. « Ca veut dire que l'autre m'a oublié, alors... bon sang... » Puis, me redressant un peu avant de m'incliner poliment en avant. « Excuse-moi pour le dérangement, Andy... je suis profondément confus. » Mais tu vas pas t'en sortir si facilement... Andy. Pour ça, l'aurait fallut ne pas être à mon goût. « Est-ce que... je peux faire quelque chose pour te dédommager... ? » T'avais tort, Siam, je suis pas un ange... ou juste avec toi, peut-être. C'est plutôt lui qui dégage une impression d'être infiniment gentil, là...t'en penses quoi ? J'aime bien les cheveux longs, comme ça.

 

—Andy & Levi—

And I'm gonna kill ya

« C'est de ma faute, je crois. C'est à moi que tu as envoyé les messages... » « Hé ? » Il regarde le jeune homme puis pose sa main sur son téléphone dans la poche. Il s’est trompé alors ? Il a dû mal lire un chiffre… et merde. Faut vraiment que ça tombe sur lui ce genre de connerie hein ? Déjà qu’il avait peur que la future fiancée ne voit les messages, maintenant, c’est presque pire. « Ca veut dire que l'autre m'a oublié, alors... bon sang... » « Oro ? » L’autre ? De quoi il cause ? Il fixe le jeune homme avec de grands yeux ouverts et interloqués tant il ne sait pas quoi faire, il faut dire que la situation est cocasse… Déjà, normalement, il ne travaille pas le week-end, c’était son deal avec Aya pour pouvoir faire de la musique à volonté, mais lorsque des commandes spéciales comme ça se profilent, il n’a pas vraiment le choix.

Heureusement que le groupe n’avait pas de concert, mais il s’en doute passé à côté d’une bonne soirée. Il observe le jeune homme qui se penche en avant poliment, comme un brave japonais pourrait le faire et entre nous, ça lui fait du bien de se sentir un peu comme au pays… « Excuse-moi pour le dérangement, Andy... je suis profondément confus. » Donc c’est vraiment une connerie hein ? Il pose lentement le paquet sur le comptoir tout en fixant le vide, il n’a rien dit de très concret jusqu’à présent en plus. « Est-ce que... je peux faire quelque chose pour te dédommager... ? » « Hm ? » Il sort enfin de ses songes et l’observe à nouveau, mains sur les hanches, tignasse mise n’importe comment, comme toujours, il donne un coup de tête dans les airs pour dégager un peu ses yeux de ses mèches tombantes….

Et puis soudainement, il se met à rire comme un con, un bon fou rire à vrai dire que même lui ne pensait pas voir venir. Il essuie une larmichette au coin de son œil avant de reprendre le gâteau et d’ouvrir le couvercle, puis de le déposer sur une table. « Tu sais quoi ? La journée a été longue, il se fait tard, je n’ai toujours rien avalé… Alors mets-toi assis et mangeons le ce foutu gâteau… J’en referai un pour la commande de demain. » Il va retirer ses gants et sa blouse blanche pour revenir avec un simple t-shirt col en V blanc sauvagement posé sur son jean et ses boots avant de venir baisser les stores des baies vitrées et de tourner le panneau de la porte. Il diminue quelques lumières avant de se tourner vers le jeune homme. « Tu veux quoi à boire Judith ? » Il sourit en coin, taquinerie pour taquinerie. Il ne sait juste pas son prénom et c’est une manière détournée de le demander. Il revient avec des assiettes et les boissons sur un plateau et pose le tout sur la table avant de commencer à découper le gâteau. « C’est ma faute à vrai dire, j’aurai dû mieux vérifier le numéro ou appeler directement. » Il sourit doucement avant de défaire le petit élastique qui retenait ses cheveux pour totalement les lâcher.

Soyons honnêtes, je ne m'attendais pas du tout à cette réaction de sa part. Au contraire, je pensais que ce serait un peu difficile... disons. Qu'il me faudrait le convaincre, au moins... mais non, même pas. Pour toute chose, le jeune homme se mit juste a rire comme un bon vivant en sortant de l'état second dans lequel il semblait plongé, ce qui peignit de la surprise sur mon visage. En un claquement de doigts, je m'étais ainsi redressé et étais sorti de ma fausse timidité complètement calculée pour me mettre à le fixer comme s'il était un extraterrestre. Ce qu'il était. Non ? Je haussais un sourcil avant d'enfin commencer à me détendre, mais c'était surtout garce à la vue du gâteau en lui-même, en fait. « Tu sais quoi ? La journée a été longue, il se fait tard, je n’ai toujours rien avalé… Alors mets-toi assis et mangeons le ce foutu gâteau… J’en referai un pour la commande de demain. » VRAIMENT ?! Ses paroles me décrochèrent mon premier petit sourire, tandis que je m'approchais enfin de la table sur laquelle se trouvait la nourriture, comme un petit animal encore à moitié-méfiant. Pendant ce temps, mon hôte improvisé parti se changer et fermer la boutique pour de bon, ce qui me laissa le temps de retirer La Veste en cuir que je portais et de me passer une main dans les cheveux pour ramener ma mèche en arrière. « C'est vraiment joli ici ! » « Tu veux quoi à boire Judith ? » Ah ouais, on joue à ça ? Je répondis à son sourire en riant un coup, puis croisais les jambes ainsi que les bras sur la table. « Jude, pour les intimes... » Un clin d'oeil complice, puis je l'observais couper le gâteau tout en prenant en main le service boisson moi-même. Ca me faisait un peu bizarre de rencontrer quelqu'un d'aussi chaleureux dans cette ville... on n'était clairement pas au Canada, ici. Pour des raisons qui m'échappaient, les écossais étaient plus distants que les gens que j'avais l'habitude de fréquenter auparavant, mais il semblerait que les exceptions existaient partout. Et là, juste le fait de me retrouver avec un inconnu qui m’accueillait pourtant si facilement a une heure pareille, je ne saurais pas vous dire le bien que ça me faisait. Même si j'étais celui qui s'était isolé le premier de toutes mes relations, après mon opération, il fallait quand même avouer que le contact humain commençait cruellement a me manquer. Le vrai contact, j'entends. Celui où l'on se parlait et où l'on communiquait...

Fait chier. Pourquoi est-ce que je me disais ça maintenant ? Ca ruinait tout le début de fantasme que je m'étais fais dans ma tête. Hah... soupir. Mon regard envers Andy se fit ainsi quasi désemparé alors que je renonçais intérieurement à le tester, puis, je secouais un peu la tête pour me remettre les idées en place. « Ca arrive à tout le monde, je connais ça... » Je haussais les épaules tout en l'observant attentivement. Son gâteau... il était vraiment magnifique, c'était presque dommage de le couper. « Je tiens à te le dire... j'ai jamais vu un truc aussi joli et à la fois comestible. » Mon accent américain reprit finalement le dessus lorsque j'eus une part rectangulaire devant moi. Woah. Owah woah woah. « Ah, et, euh... je m'appelle Levi. »

 

—Andy & Levi—

And I'm gonna kill ya

« C'est vraiment joli ici ! » « Arigatou… » Il sourit tout en s’éloignant pour se changer et quitter son uniforme de parfait petit soldat pâtissier. Maintenant qu’Aya n’est plus là et qu’il va fermer la boutique, il peut bien se détendre et envoyer un peu chier l’hygiène hein. Il ne va plus cuisiner de toute façon, plus à l’heure-là. Il est fatigué à vrai dire. Il n’a rien pu avaler depuis le midi et c’était en 4ème vitesse, il faim, il a soif, il a mal dans le bas du dos et tout ce qui compte pour le moment dans sa tête, c’est de se poser un peu. Il a bien compris que le jeune homme s’est royalement joué de lui, mais il s’en fiche pas mal à vrai dire parce qu’à voir sa tronche surpris et désemparé, il doit être un peu sur le cul et dans le regret peut-être d’avoir agis ainsi. Et puis, entre nous, Andy n’est pas du genre à hurler de toute manière. C’est vrai, il a fait un gros boulot sur le gâteau, mais il en fournit tous les jours des comme ça pour faire tourner la boutique de toute manière, alors bon. Il hausse les épaules comme pour se convaincre lui-même qu’il fait une bonne chose en agissant ainsi.

Il tient à s’excuser à son tour, parce qu’après tout, c’est sa faute avant tout si c’est arrivé. Il aurait pu vérifier le numéro encore et il a juste foncé tête baissé en voulant boucler ça au plus vite pour avoir la paix. C’était son erreur et ça l’est toujours. « Ca arrive à tout le monde, je connais ça... » Il sourit un peu, c’est vrai que c’est le lot quotidien de millier de personnes après tout. Il n’en doute pas vraiment, ça lui plait de se dire qu’il n’est pas le seul abruti comme ça. « Je tiens à te le dire... j'ai jamais vu un truc aussi joli et à la fois comestible. » « Oh ? Tu n’as jamais mangé de Wagashi alors. » Il sourit doucement et se lève précipitamment afin de partir vers la cuisine tout en l’écoutant. « Ah, et, euh... je m'appelle Levi. » « Levi ? » Il repasse juste sa tête par la porte. « Comme Marc Lévy ? » Il sourit un peu. « Je n’avais jamais entendu Levi comme prénom… » Il rit doucement avant de repartir, puis de revenir avec une petite assiette noire et une paire de baguette qu’il lui dépose devant le nez à côté de l’autre. « Tiens, ce sont les derniers wagashi de la journée. Ils sont à la violet et à la rose. » Il attrape sa tasse de thé et commence à en boire une longue gorgée avant d’attaquer son morceau de gâteau en souriant. « Oh, je sais que je l’ai déjà dit, mais moi c’est Andy… » Il sourit à nouveau et lui tend une de ses mains après les avoir bien essuyé sur une serviette. Une fois la poignée de main faite, il se remet à manger avec appétit. Le gâteau est assez grand pour deux et pour combler son estomac avant sa fringale nocturne. « Et tu fais quoi dans la vie Levi ? »  

Wagashi... hm, si, ça me disait quelque chose, en fait, mais le voila qui se levait déjà pour repartir à l'arrière de la boutique sous mon regard curieux. Avait-il oublié quelque chose ? Mes yeux s'attardèrent malgré moi sur sa silhouette et je fus obligé de me frotter le visage du plat de la main pour me reprendre un peu avant d'entendre sa question sur mon prénom. Comment ça, « comme Marc Lévy » ? Non non non, y'a pas de 'comme untel', avec moi ! Je suis unique, mon gars, alors me compares pas à un écrivain ou a un personnage, qu'il soit connu ou non. Je ne sais pas pourquoi je tenais en horreur de cette tendance que les gens avaient à faire des liens entre tout et n'importe quoi, en se basant sur un seul facteur seulement... mais vraiment, ça me dérangeais. C'était comme de s'amputer d'une part d'individualité et qu'on se le dise, je n'aimais pas ça. Peut-être bien que j'exagérais, hein... mais ça, je m'en fichais comme de l'an mille, parce que si pour moi, quelque chose était important, alors mon avis comptait, un point c'est tout. Nous avions tous une vision du monde différente, alors autant l'accepter immédiatement. Surtout la mienne, en fait. Les autres... ben c'est pas grave s'ils n'étaient pas contents, du moments qu'ils ne venaient pas me casser les pieds avec leurs râleries. « Je n’avais jamais entendu Levi comme prénom… » Ah... bon ben il venait de se rattraper sans le vouloir. Je lui rendis donc son sourire en me redressant un peu et penchais ensuite la tête sur le côté pour essayer de voir ce qu'il avait dans les mains lorsqu'il revint à la table. « Binnaneun ! C'est vraiment toi qui fais tout ça tout seul ? » Je devais bien reconnaitre que ses qualités de pâtissier étaient remarquables... ou tout du moins de décorateur de gâteaux, pour le moment. Il fallait d'abord que je goûte à ses confections pour arrêter mon avis définitif, ce que je ne tardais pas à faire en me saisissant de la fourchette qui allait avec la tranche de cake a la fleur de cerisier qu'Andy m'avait servi – ahaha, non, je n'étais jamais parvenu a maîtriser l'art des baguettes chinoises, aussi décevant que cela puisse paraître pour vous... Siam s'était d'ailleurs toujours bien payé ma tête à cause de ça, parce que je finissais systématiquement par manger les sushi a la main, même au resto -.

Oh. Ouah.

Mes yeux s'écarquillèrent de surprise. Peut-être le goût était-il dû au fait que ce gâteau était particulièrement frais, mais en tout cas... « Oh, je sais que je l’ai déjà dit, mais moi c’est Andy… » Je relevais mon regard pétillant de satisfaction sur lui et terminais rapidement de mâcher ce que j'avais dans la bouche, avant de tendre une main pour serrer la sienne fermement. « Ravi de faire ta connaissance. C'est... super, ce que tu fais. » Et c'était tout à fait honnête de ma part. Les présentations étant re-faites, je lui offris un sourire, puis pris un petit bout de Wagashi pour y goûter, tout en restant attentif à mon interlocuteur qui me demanda ce que je faisais dans la vie. « Je suis infirmier depuis peu de temps ! Je viens de finir mes études à Montreal et de débarquer ici... faut dire que j'aime pas trop stagner au même endroit. » Je repassais mes doigts dans mes cheveux pour les garder à leur place, puis reposais mes pupilles sur Andy. « Et toi... tu n'es pas né à Ayr, si ? Oh, attends... » Je fronçais légèrement les sourcils, puis allongeais un bras dans sa direction pour passer mon pouce sur sa joue droite, afin d'en retirer un reste de sucre en poudre. Ceci fait, je ramenais ma main vers moi et suçotais le bout de mon doigt l'air de rien, attendant la suite de ses explications innocemment. « Voila, c'est mieux comme ça. »

 

—Andy & Levi—

And I'm gonna kill ya

« Binnaneun ! C'est vraiment toi qui fais tout ça tout seul ? » « Hai… » Il sourit doucement, c’est vrai que les gens ont souvent du mal à croire qu’il fait ça tout seul. Enfin presque, ils sont deux pâtissiers après tout, mais il est le seul à s’occuper des spécialités japonaises donc en un sens, oui, il fait ça tout seul. Lorsqu’il le voit se saisir de la fourchette, il hausse un sourcil de surprise. Oui bon, okay c’est parti d’un sacré préjugé son attention : Il est bridé, donc il doit connaître les baguettes. Mais visiblement non… Il se gratte alors l’arrière de la tête en le regardant comme un abruti. Aish, vraiment, il s’en veut presque d’avoir pensé ça. Il oublie doucement en commençant à manger, (chose que son estomac lui réclame depuis une heure déjà) avant de soupirer d’aise et de penser à réellement se présenter comme il le faut. Après tout, c’est parti sur un quiproquo à la con tout ça et sans doute, un peu de jeu de la part de Levi. Mais il n’y avait rien de méchant, alors autant faire ça bien. « Ravi de faire ta connaissance. C'est... super, ce que tu fais. » Il affiche un sourire satisfait sur sa gueule d’ange. Il faut dire qu’il ne pensait pas vraiment à réussir à devenir un bon pâtissier lorsqu’Aya lui a parlé de tout ça mais lorsqu’il entend des inconnus dire des jolies choses, ça le rassure à vrai dire. « Je suis infirmier depuis peu de temps ! Je viens de finir mes études à Montreal et de débarquer ici... faut dire que j'aime pas trop stagner au même endroit. » « Oro… » Il hausse à nouveau un sourcil tout en le regardant surpris. Un infirmier ? Vraiment ? Il ne s’attendait pas ce métier, mais il trouve ça relativement intéressant. C’est vrai que ce n’est pas quelque chose qu’il aurait fait lui, soyons honnête, avec ses troubles de l’hygiène, il serait devenu dingue dans un environnement pareil. Et puis Montréal, ça fait rêver quand même. Enfin, c’est où déjà ça… Il fronce ses sourcils avant de se concentrer à nouveau sur le blond. « Et toi... tu n'es pas né à Ayr, si ? Oh, attends... » « Attends ? » Il penche sa tête sur le côté et se fige lorsqu’il sent le pouce de Levi sur sa joue et son petit jeu derrière, il ne sait pas vraiment comment il doit le prendre. A vrai dire, ce n’est pas la première fois qu’un homme le drague, mais sûrement le premier qui le fait aussi ouvertement. Il se contente de continuer à manger dans un petit sourire. « Je viens du Japon, je suis arrivé ici il y a 7 ans. » Mon dieu, ça date déjà… « Ma grande-sœur a épousé un anglais et j’ai suivi le mouvement. » Il hausse doucement ses épaules avant de sourire un peu plus tout en l’observant. « Ça veut dire que tu ne vas pas stagner ici longtemps ? »  

Bon, je ne su pas trop comment interpréter sa première réaction, mais on allait se contenter de juger qu'il n'avait soit pas compris, soit qu'il n'était pas dérangé par ça, soit qu'il espérait qu'en m'ignorant, j'allais lâcher l'affaire. Ou alors c'était autre chose et je n'avais pas encore saisis quoi. « Je viens du Japon, je suis arrivé ici il y a 7 ans. Ma grande-sœur a épousé un anglais et j’ai suivi le mouvement. »  Je l'écoutais attentivement, ma fourchette coincée entre mes lèvres alors que mes yeux ne le lâchaient que lorsque je cillais au moment de me pencher pour prendre un bout de gâteau. « T'as bien fais de pas la laisser seule avec un mec qui l'a embarqué avec lui à l'autre bout du monde... » Si j'avais eu une soeur et qu'elle avait décidé de déménager pour être avec son chéri, j'aurais surement fais pareil... non seulement pour surveiller le mec, mais aussi et surtout afin de pouvoir l'aider en cas de besoin... ce qui semblait être le cas d'Andy. Il était courageux d'avoir pris cette décision, tout de même. « Ça veut dire que tu ne vas pas stagner ici longtemps ? » La question me pris un peu de court, mais je n'étais pas du genre à me laisser déstabiliser longtemps. « On verra bien, j'essaye de profiter du moment présent, pour l'instant... » Je lui offris un petit sourire, bien que mon regard dériva rapidement sur mes mains d'un air subitement très pensif. Rapidement, je déposais ma paume droite sur le revers gauche, comme pour me cacher à moi-même la vision de la bague que je portais. « J'ai juste beaucoup de choses à faire... parce que je l'ai promis à quelqu'un qui n'est plus là. Ca implique de voyager. » En sentant mon regard se brouiller et mon rythme cardiaque s'emballer, je papillonnais des paupières afin de faire partir les larmes, puis me redressais dans un sourire de façade. « Hum... tu dois être fatigué, je n'ai pas envie de te déranger si tu dois travailler tôt demain, Andy. »

 

—Andy & Levi—

And I'm gonna kill ya

« T'as bien fais de pas la laisser seule avec un mec qui l'a embarqué avec lui à l'autre bout du monde... » « Je n’avais pas vraiment le choix à vrai dire. » Il était mineur au moment-là de toute façon, il n’aurait pas vraiment pu s’y opposer et souvent, il se demande ce qui serait arrivé s’il avait pu rester au Japon. Cependant, Ayr lui a apporté beaucoup de jolies choses. Des amis, un groupe de musiques, des colocataires géniaux, un métier intéressant malgré tout. Certes, son pays natal lui manque, mais il n’est pas si mal loti quand on y pense. Il y a bien pire dans la vie et il préfère voir les choses comme ça. C’est étrange ce qu’il ressent à propos de Levi. Ce besoin presque inhumain de ne pas être seul. Il connait les gens, il en côtoie assez souvent pour distinguer les solitaires de ceux qui ont peur de cette même solitude et qui cherchent du réconfort n’importe où. Levi a ce regard brisé que des personnes ayant connues de grands drames peuvent porter parfois. Il est trop jeune pour l’avoir déjà. Ils sont trop jeunes à vrai dire. « On verra bien, j'essaye de profiter du moment présent, pour l'instant... » Profiter du moment présent. C’est une bonne chose qu’on oublie souvent de faire à vrai dire. Les gens sont trop stressés par leur vie actuelle pour avoir le temps de la contempler et c’est dommage. Il est le premier à se plaindre de ça parfois lorsqu’il se relève en pleine nuit pour composer et que le réveil sonne peu après. « J'ai juste beaucoup de choses à faire... parce que je l'ai promis à quelqu'un qui n'est plus là. Ca implique de voyager. » Il a vu son geste, il a vu sa bague et maintenant, il voit les efforts démesurés qu’il fait pour ne pas se laisser submerger. Il ne dit toujours rien, il continue simplement de le jauger tout en mangeant. Ce n’est pas le bon moment d’ouvrir sa bouche de toute façon. « Hum... tu dois être fatigué, je n'ai pas envie de te déranger si tu dois travailler tôt demain, Andy. » Il l’observe alors se lever et s’éloigner de lui avant de poser doucement sa fourchette, puis de s’essuyer la bouche comme si rien n’était pressant. « Vous deviez énormément vous aimer... » Il redresse lentement son minois vers le jeune homme avant de croiser ses bras et de pencher sa tête. « ...pour que tu portes encore votre bague alors qu’il est mort. » Il ne pense pas se tromper en imaginant un homme. C’est peut-être méchant à dire, mais il n’imagine pas le jeune homme dans les bras d’une femme. « Et pour avoir encore mal de lui maintenant. » Il passe doucement une main dans ses cheveux avant de lui offrir un sourire triste de compréhension. Il n’a pas perdu de grand amour, il a perdu ses parents, ça lui suffit à vrai dire. « Je crois que au début, ce n’était qu’un jeu quand tu as répondu aux sms. Tu devais t’ennuyer et finalement, c’est moi qui doit t’embêter à parler ainsi. » Il sourit à nouveau. « Tu as raison, je dois me lever tôt, mais je m’en fiche pas mal à vrai dire. » Il reprend une bouchée de gâteau avant de l’observer encore. « C’est plus facile de parler à un inconnu à ce qu’il parait… »

Pars, reste, fais comme tu veux.
Mais si tu as besoin d’une oreille attentive,
Alors je peux t’écouter jusqu’au petit matin s’il faut.
 

Allez, il était temps de partir. Je ne pouvais pas tellement rester ici alors que je rendais compte que j'avais été suffisamment odieux pour me faire inviter à une heure pareille... et aussi que la conversation déviait encore une fois sur un sujet que je tenais à éviter. Malgré tout, Andy me retint avec ses paroles seules, ce qui m'arrêta en chemin, puis m'obligea à tourner les yeux vers lui un instant. Le fait qu'il parle ainsi, qu'il déballe une vérité de manière si brusque, ça ne faisait pas du bien. J'avais le sentiment d'être totalement à découvert, bien plus qu'en retirant mes vêtements devant un inconnu, et comme tout le monde, cela me gêna parce que c'était mon jardin secret que je ne partagerais plus avec qui que ce soit. Dans le fond, il y avait aussi un certain soulagement à me sentir compris par ce jeune homme, mais... c'était pas assez en comparaison de ma colère grandissante envers tout le monde. Monsieur Bang m'avait agressé après mon réveil, ma mère n'avait rien foutu pour m'aider, encore une fois, si ce n'est en me démontrant un amour que je n'acceptais désormais plus parce que j'étais adulte et que j'avais d'autres besoins... et à nouveau, je m'étais retrouvé avec les rênes de ma vie à diriger tout seul. Seul. Comme un grand. Parce qu'on ne pouvait compter sur personne sur le long terme. C'était stupide, j'imagine... de rechercher le contact humain comme je le faisais, tout en en étant dégoûté. « Il n'est pas mort. » Je serrais la mâchoire en fixant mon interlocuteur avec une certaine dureté, fis quelques pas vers la porte, puis soupirais en posant mes yeux sur le vide avec lourdeur. Mes mains se levèrent finalement jusqu'à mon col, puis je défis un premier bouton de chemise en me retournant face au japonais. Un deuxième, un troisième, puis un quatrième bouton furent décrochés avant que je tire le tissus blanc sur le côté pour laisser voir la cicatrice peu discrète qui trônait sur ma poitrine. « Merci pour ton hospitalité, Andy. » Je savais que tout ça partait d'une bonne intention, mais à présent, le fait d'avoir entendu dans la bouche d'un autre que je devais encore avoir MAL, c'était affreusement douloureux. Evidemment que j'avais mal. PUTAIN ! EVIDEMMENT QUE J'AVAIS MAL, ESPECE D'IMBECILE HEUREUX ! Une simple larme glissa le long de mon visage rigide, puis je refermais aussitôt un bouton pour cacher les séquelles de mon opération avant de me remettre précipitamment en route en me cachant le visage.

 

—Andy & Levi—

And I'm gonna kill ya

« Il n'est pas mort. » Il relève un regard surpris sur le blond. Il a faux alors ? Il ne s’était jamais trompé de la sorte jusqu’à présent et si c’est le cas… Mon dieu, il s’en voudra franchement à vrai dire. Parce qu’il a fait une intrusion totale dans la vie du jeune homme sans même lui demander la permission et… si ça se trouve, il l’a blessé de bien des façons. Il a toujours eu cette facilité déconcertante pour comprendre les gens. Il n’a jamais été un génie pour l’école, loin de là, il est nul en maths souvent, ne retient rien en géo, la littérature lui sort par les trous de nez même s’il aime bouquiner, il n’aime pas analyser… Mais les gens, il les comprend, c’est comme la musique. Il a l’impression de ressentir ce qui ne peut pas être dit. Est-ce que c’est faux ou un peu vrai, il n’en sait trop rien, mais en tout cas, c’est sa réalité et il avait franchement l’impression d’avoir compris Levi et là, tout s’effondrerait ? Lorsque le jeune homme commence à déboutonner sa chemise, le jeune japonais se met à froncer les sourcils. Il a le droit à un striptease maintenant ? Levi le perd complètement dans ses attitudes changeantes mais lorsqu’il commence à apercevoir une longue cicatrice sciant la poitrine du jeune homme en deux, un frisson le parcourt longuement. « Merci pour ton hospitalité, Andy. » Il vit en lui… Et comme un con, il ne peut s’empêcher de penser au Roi Lion avec Simba et Mufasa… Aish, baka… Il se sent mal d’avoir fait ça. D’accord, parfois on le remet en place à cause de ses intrusions peu discrètes comme ça, mais il ne s’attendait pas à une claque pareille. Il l’observe se rhabiller et se mord la lèvre directement avant de se lever brutalement. « Gomen ne ! » Il le dit fort pour arrêter Levi dans ses mouvements avant de venir le rejoindre à pas feutrer. « Je suis vraiment désolé… » Il se penche vers l’avant doucement avant de se redresser pour le fixer. « J’avais… J’avais le sentiment que tu aurais besoin de discuter de ça… Je suis désolé Levi, j’ai cette… horrible tendance à dire ce que je pense sans penser que ça peut blesser. » Parce que ça part d’une bonne attention. Il fouille dans ses poches et en sort un mouchoir propre avant de venir doucement lui essuyer une joue, puis, de lui donner dans la main. « Je ne voulais pas… être blessant. Surtout pas pour un geste aussi… beau. » Parce que oui, c’est magnifique. Il ne sait pas ce qui est arrivé, mais savoir que le cœur du dit-fiancé bat encore en lui… C’est beau malgré la morbidité que ça peut dégager… Il comprendra si Levi veut s’en aller ou rester, peu importe, il s’accordera sur sa décision.

Alors que j'avais déjà une main sur la poignée de la porte, la voix du jeune homme se fit entendre plus fort qu'auparavant, ce qui m'arrêta effectivement dans ma course, bien que désormais, je tremblais à force de me faire violence pour ne pas m'effondrer sur place. Si j'avais su qu'en entrant ici, j'en viendrais à faire remonter tant de sentiments douloureux, peut-être que je n'aurais pas pris la peine de me déplacer. Oui, j'avais Siam dans la peau... et parfois, ça en devenait presque troublant, parce que certaines de mes émotions et de mes souvenirs ne semblaient pas m'appartenir. Je n'étais absolument pas du genre à croire à toutes ces choses éthériques qui relevaient du spirituel ou que sais-je, mais... il fallait bien l'avouer ; depuis quelques temps, je commençais à me remettre en question à ce sujet. Peut-être que je divaguais, tout simplement, mais pour des raisons inconnues, il m'arrivait parfois de soupirer en pensant à Shane... et surtout d'être triste pour lui. Vraiment triste... et coupable. Il n'y avait pas de raisons valables pour que de telles idées me traversent la tête, n'est-ce pas ? Eh... je ne pouvais pas expliquer leur provenance, mais impossible non plus de nier que ces choses-là existaient bel et bien.

M'enfin... ça, c'est quelque chose que je gardais pour moi. Et qui m'aurait cru, hein ? Que Siam vivait en moi et ceci bien plus que par sa simple présence physique ? Qu'il était là, toujours là, quelque part. Nos ADN se côtoyaient désormais et ce sera le cas jusqu'à ce que je ne sois plus que de la poussière... mais plus que ça, j'étais surtout enchaîné à lui jusque dans mes ressentis-même. Je pouvais faire semblant d'aimer et de sourire aux autres, certes... et je pourrais d'ailleurs le faire pendant longtemps, mais tout ceci ne sera jamais que de l'artificiel. La vérité, c'est que j'avais juste hâte d'en finir avec mes promesses... et que je ne savais pas si je tiendrais un tel rythme de vie jusqu'à mes trente ans. Non, jamais ne mourrais-je vieux, c'était une certitude à admettre.

« Je suis vraiment désolé… J’avais… J’avais le sentiment que tu aurais besoin de discuter de ça… Je suis désolé Levi, j’ai cette… horrible tendance à dire ce que je pense sans penser que ça peut blesser. Je ne voulais pas… être blessant. Surtout pas pour un geste aussi… beau. »

Evidemment... il aurait été stupide de ma part de penser qu'il l'avait fait exprès. Ça partait d'une bonne intention, dans le fond, je ne pouvais pas le nier, même si ça m'avait vraiment fait du mal en raison de ce que ses mots avaient fait résonner en moi. Qu'un inconnu me balance ça à la figure alors que personne n'avait jamais osé aborder le sujet avec moi... je n'étais pas préparé. Je pris ainsi le mouchoir pour terminer de m'essuyer les yeux, puis me redressais, plus calme. Il fallait que je dompte cette colère qui m'animait dès qu'on abordait le sujet sensible. « Je sais. » J'inspirais. « Je sais que tu me voulais du bien... » L'une de mes mains se posa sur son épaule avec assurance, malgré les léger tremblements qui la secouaient encore. Oui... j'avais appris à gérer mon corps et mes pensées. Ca faisait huit ans que j'apprenais à faire ça comme un grand, tout simplement parce qu'il n'y avait personne pour me maintenir en un morceau à ma place. Personne d'assez solide, en tout cas. Ma mère ne l'était pas, mon père et mon fiancé n'existaient plus, mon cousin était trop loin d'ici... quand à mes amis, ils étaient trop immatures pour mes besoins assez exigeants. « Tu es le premier a mettre le doigt sur la vérité à mon sujet en quelques minutes... j'ai envie de rester... mais je dois partir maintenant, sinon je vais recommencer à abuser de ta gentillesse et ça va tout gâcher. » Je fixais le vide encore un moment, puis levais finalement mes yeux sombres sur les siens en souriant légèrement. « C'était peut-être pas un hasard que ton sms ait terminé sur mon téléphone, finalement. » Je me penchais pour embrasser sa joue avec une relative tendresse reconnaissante. Ma peine était grande, la blessure était profonde, mais même si j'en avais envie, je ne fondrais pas en larmes dans ses bras. Premièrement, je ne le connaissais pas et j'avais peur qu'en me laissant aller, je ne puisse pas me reprendre tout de suite. Deuxièmement, je n'aimais pas que des relations avec un tel... potentiel soient à sens unique. « Ano ... 'Arigato'... Tenshi. » Je reculais lentement, puis fermais les paupières un moment avant de me retourner pour sortir définitivement de la boutique, le coeur confus et lourd d'émotions en tout genre. Mon regard se riva alors aussitôt sur le ciel noir, puis je me mis en route jusqu'à ma voiture.

 

—Andy & Levi—

And I'm gonna kill ya

« Je sais que tu me voulais du bien... » Ça le soulage en partie d’entendre ça dans la bouche du jeune homme, mais seulement en partie. Les larmes sont versées malgré tout et ça le fait chier de faire pleurer quelqu’un honnêtement. Ce n’est pas dans ses habitudes. Il est plutôt le genre à sécher les plaies plutôt qu’à les ouvrir normalement. Néanmoins, il essaye de sourire doucement au jeune homme pour ne pas alourdir d’avantage sa peine. « Tu es le premier a mettre le doigt sur la vérité à mon sujet en quelques minutes... j'ai envie de rester... mais je dois partir maintenant, sinon je vais recommencer à abuser de ta gentillesse et ça va tout gâcher. » Il fronce doucement ses sourcils, prêt à le retenir, mais cependant, il se retient. Il a l’impression que ça ne sert à rien de forcer un peu plus les choses dans l’immédiat. Que ça risquerait de faire des dégâts. Alors, il se ravise doucement même si c’est à contrecœur. « C'était peut-être pas un hasard que ton sms ait terminé sur mon téléphone, finalement. » « Le destin fait bien les choses des fois… » Il sourit sous le petit baiser que Levi dépose sur sa joue. C’est doux, tendre. A part Ray, il n’a pas vraiment d’amis hommes qui le bisoutent aussi facilement faut dire. « Ano ... 'Arigato'... Tenshi. » « Iie… » Il le prononce faiblement tout en le regardant partir. Il a un pincement au cœur, il faut bien l’avouer. Quelque chose l’a sincèrement touché dans le jeune homme. Il ne peut pas le nier même s’il ne saurait pas dire exactement quoi. Il se pose derrière la porte vitrée et l’observe rejoindre sa voiture avant de lui offrir un dernier sourire, puis de baisser le store afin de tout fermer. Il va jeter les restes et remarque une chose clinquante sur le sol. En s’approchant, il se rend compte que c’est un bracelet qu’il portait et immédiatement, il repart vers la porte, mais c’est trop tard. C’est sans doute l’occasion de se dire qu’ils se reverront rapidement…