J’avais laissé Whisky à l’appartement, sous la responsabilité de Joe ainsi qu’Andy. J’espérais qu’ils ne lui fassent pas des misères, surtout après la scène d’avec Flyer, le cochon d’inde de Joe.  Elle m’en avait voulu de l’avoir mis dans une casserole remplie d’eau, non bouillante évidemment, et d’avoir « joué » avec son hamster XXL comme s’il était une poupée Barbie. Si on ne pouvait plus s’amuser… En plus, Flyer avait pu profiter, pour la première et dernière fois de sa vie, d’un mini-jaccuzzi sur mesure ! … Certes, on ne pouvait pas dire que le cochon d’inde avait apprécié, mais on pourrait dire que c’est le geste qui compte ? Heureusement qu’il était prévu que je squatte chez Crystal, je crois qu’on ne m’accepterait pas jusqu’au lendemain dans l’appartement… Dans le pire des cas, je rentrerais au beau milieu de la nuit en tentant de ne pas les réveiller pour encore supporter le courroux de Joe. Il fallait se méfier de ce petit bout de femme, tout comme Andy qui me maitrisait sans soucis… Surement grâce à ses origines de chinois, ou je ne sais quoi, le karaté pour lui, c’est dans le sang. Karaté ou Kung-Fu d’ailleurs ? Je lui demanderais un de ces jours.
Je me postais alors devant la porte de l’habitation de ma meilleure amie, une bouteille d’alcool entre les mains et le numéro d’une pizzeria pour une commande express ! Je lui avais envoyé un sms, lui ordonnant de me garder une soirée de libre pour que l’on puisse se mater n’importe quel film, débile ou non et ainsi se retrouver seulement nous deux. Je toquai à la porte pour découvrir que celle-ci était ouverte. J’entrai sans gêne, et de manière théâtrale je fis part de ma présence « - T’es prête à passer une soirée film avec l’homme le plus sexy, et le plus parfait de la terre ? » Il faut dire qu’elle avait beaucoup de chance, non ? « - Par contre ma belle, tu m’connais, j’suis pas un romantique, donc à la place des fleurs, je t’ai ramené ton alcool préféré. » sur ces mots je lui tendis la dite bouteille, et d’un sourire je rajoutai « - Ainsi que moi-même. Héhéhé. »

Quand elle m’annonce que j’aurais pu faire un effort et acheter des fleurs, je ne fais qu’hausser les épaules en lui souriant. Ce sourire qu’elle connaissait si bien. Peut-être même le seul qui lui était destiné. « - ça ne t’empêche pas de prendre la bouteille. » rétorqué-je. On avait beau dire, l’alcool aidait en beaucoup de chose et je savais que Crystal ne pouvait dire non à ce type de boisson. Alors qu’elle part, je reçois un sms de Joe, me demandant pourquoi son cochon d’inde est mouillé… Oups. Elle l’a vu bien plus tôt que je ne l’aurais cru. Je pris pour qu’elle n’embête pas Whisky et répond aussitôt pendant que ma meilleure amie me parle. J’entends à moitié sa phrase, concentré entre le sms qui disait clairement que j’étais « occupé » histoire de provoquer Joe, et ce que me dit Crystal. Je crois bien que je devrais vivre chez elle pendant un petit moment… Joe risquerait de se venger, et je n’ai pas envie de supporter sa colère divinatrice. Je ne m’empêche pas de rigoler, et enfin Crystal enchaine : « Comment ça se fait que tout un coup tu as eu envie de voir ta blondinette préférée ? » Peut-être parce que t’es ma grosse, ma best friend for ever et que tu me manquais tête de noeud. Je roule des yeux, et m’installa aussitôt sur le canapé en prenant mon téléphone pour que nous puissions commander des pizzas, chose habituelle venant de moi… Les pizzas étaient mon régime alimentaire « - Euh… tu veux la vérité ou le mensonge ? » La vérité pouvait blesser, et le mensonge pouvait flatter. Mais je ne me risquais jamais à ce jeu-là avec les femmes que je portais réellement dans mon coeur, surtout Crystal. Elle savait que je rigolais, du-moins je l’espérais, et si jamais… Bah ça lui passerait de me bouder « - Vérité : Joe risque de me tuer et je dois me réfugier chez toi. Mensonge : J'avais envie de passer une soirée avec Barbie et comme t'es celle qui lui ressemble le plus... » bouh, c’était pas beau. « - Pizza ? » comment avoir l’art et la manière de changer aussi vite de sujet comme de chaussette.

Faut dire aussi que je la connaissais et que je savais y faire. Et puis, les fleurs se fanent, perdent leur pétale et nous sommes obligés de les jeter. La bouteille d’alcool se savoure, rapidement ou non, c’est à notre guise, et nous pouvons même garder la bouteille en vestige. C’était comme une déclaration d’amitié… Non, en réalité, c’était juste histoire d’avoir une bouteille pour la soirée.
Je répondais alors ardemment à ce que Joe pouvait m’envoyer, sans jamais faillir à ma réputation. Je la sentais tout de même très remontée dans ses textos, et peut-être que cela pouvait se comprendre… « - Franchement tu me prends pour ta cachette secrète ou quoi ? Tu devrais trouver mieux, parce que Joe et Andy savent très bien où tu te trouves actuellement. Et tu sais quoi ? La poupée barbie, elle te dit d’aller te faire voir. » Je restai silencieux, en la regardant béat. Elle n’avait tout simplement pas tord. Si Joe était déterminée, elle pouvait sortir de chez nous, et venir me prendre par les oreilles pour me sermonner. « - Oh tu sais… Ils peuvent aussi penser que je suis sortie en boite, ou que je suis à la caserne, ou avec une copine… Si tu vois ce que je veux dire. » Un brin malicieux, un regard empli de lubricité, et un sourire complètement débile. Tout pour insinuer quelque chose et pour répondre aux faits que non, nous n’étions pas obligés de me retrouver ici. « - En conclusion : t’es ma cachette secrète ! Et pis c’est cool les Barbie dans une cachette secrète. » la taquinais-je gentiment avant de me concentrer de nouveau sur mon téléphone. Cette fois, pour les pizzas. Je crois bien que j’allais devoir éviter, au mieux, Joe pendant quelques jours avant de tenter une approche pour me faire pardonner. Ou alors je demanderais à Andy de calmer le jeu, il était fort pour cela notre chinois international. Alors que je commençais à composer le numéro de la pizzeria, Crystal ne put s’empêcher de me dire que je n’avais droit qu’à des pizzas. Elle ne s’arrêta pas là, et m’embêtait clairement pendant que je faisais le numéro. Comme un gamin, je tentai de l’éloigner de moi. J’avais l’impression que nous étions des gosses, ou au mieux… Comme une dispute fraternelle. Je crois que nous manquions de cela avec ma soeur. Un peu d’attention, de disputes et de bêtises. « - Et t’oublies pas de demander qu’ils les coupent, sinon c’est autre chose que je vais te couper si tu oses oublier. » On décrocha à l’autre bout pendant que Crystal me conseillait de bien parler. Gloups. J’exagérais alors une grimace, et commandai les pizzas. Celles que l’on prenait : ne changeons pas nos habitudes. Je demandais un supplément fromage et champignons. Autant dire que je crevais la dalle. « - … Et vous pouvez nous couper des parts aussi ? » J’ose un regard en direction de ma meilleure amie, et raccrocha aussitôt « - Satisfaite ? » Bien évidemment, pourquoi posé-je la question. Elle était toujours satisfaite, et elle le serait encore plus quand les pizzas seront là. Je répond une fois de plus à Joe. Peut-être suis-je réellement lourd. J’ai abusé en lui demandant de passer les vêtements oubliés d’une amie qui avait décidé de les récupérer ce soir-même. Joe m’a clairement répondu d’aller me faire foutre. J’aurais pu m’arrêter là, me faire pardonner, mais au lieu de cela, je continuais de la provoquer. Parce que j’aimais ça « - Hm, j’ai peut-être un peu abusé avec Joe. Elle va bien me faire la gueule. »

Mon dieu Crystal, t’es vraiment une peste, pensai-je alors que mon visage se modelait entre la crispation et la grimace, théâtralement parlant bien évidement. J’aimais abusé et désabusé mes gestes et mouvements puisque j’avais compris que cela attirait l’attention, comme un aimant attire les métaux. « - Va te faire, j’ai pas de thune Crys’. » Enfin pas de thune... Seulement quand j'avais envie. Puisque du fric, j’en avais bien pour me payer de nouvelles fringues, ainsi que des restaurants, et des babioles à la con voir de me torcher dans un bar avec des collègues à ne plus savoir différencier les chiffres des uns des autres. Ou alors, j’avais du fric quand il s’agissait de payer des pizzas, ou de faire plaisir à des futures conquêtes, tout le monde sait que les femmes aiment les offrandes et parfois, ça vaut le coup. Mais il était tout aussi vrai qu’en ce moment, je galérais à rassembler correctement l’argent pour notre loyer. Nous avions la chance d’habiter dans un appartement spacieux et habitable à trois pour un revenu tout à fait correct comme les nôtres. « - Qu’est-ce que tu as encore fais à cette pauvre Joe ? » Pauvre Joe, pauvre Joe... Elle ne se rendait pas compte de la chance qu'elle avait de m'avoir en tant que colocataire. Mais je compris que notre conversation s’était arrêtée lorsqu’elle ne … me répondit tout simplement pas. Elle ne rigolait plus, et j'étais persuadé qu’elle pestait dans son coin pendant qu’Andy tentait vainement de lui faire changer les idées, en argumentant sur le fait de ne pas me tuer. « - Oh tout de suite ! Elle devrait être contente : j’ai fabriqué un jaccuzzi sur mesure à son rat. » Enfin, un jaccuzzi... J'avouais que c’était une casserole dans laquelle j’avais simplement rajouté de l'eau tiède et avais inventé un système pour faire des mini-bulles. Bon, un système à améliorer car manuel mais… Mais elle devrait être contente. « - A nous, à notre amitié et… A ta cachette secrète. » Je tenais fermement le verre et je haussai un sourcil, presqu’amusé à son petit toast. « - Blablabla, allez tais-toi et bois chipie! » Et qu’importe, j’aime les réactions vives. J’osais le boire cul-sec, ne prenant pas le temps de savourer l’alcool que déjà il traversait ma gorge en laissant une sensation de brûlure sucrée et agréable. J’allumais la télé, la mettant pour le moment sur une chaine de musique… Jusqu'à râler : « - Tsss, comment peut-on passer autant de merde et en faire un culte musicale limite. » Ces abrutis qui peinent à chanter correctement et dont les chansons étaient exclusivement dédiées aux minettes qui pensent tout connaitre de l’amour, de l’érotisme, de la drague, de la mort et tout ce qui s'en suit. « - Même avec ta voix de chèvre, tu chantes mieux. A ce rythme-là, tu peux faire un carton, sachant que t’es plutôt pas mal. » la taquinais-je amicalement. Je ne sais pas si elle chantait bien, puisqu’à chaque fois on déconnait ou on était bourré… Forcément, ça aide pas.

« - Je te paierais en pizza ! » Et ceci était mes derniers mots. La pizza était ma religion ? Bien sûr que non, c’était mon moyen de survie quand je faisais cramer les pâtes au fin fond de notre casserole, ou quand nous n’avions plus rien au frigo car l’un d’entre nous n’a pas fait les courses de la semaine - généralement, c’était moi qui oubliait - … Au fond de moi je souriais en repensant à mes colocataires. Heureusement que je les avais rencontré, et que j’étais tombé sur eux. Autant Joe était une maniaco-frustrée qui savait faire la fête, j’aurais pu tomber sur une… Maniaco-frustrée vraiment pas drôle et tolérante. Quant à Andy, tant qu’il se taisait… Tout allait pour le mieux ! Enfin, nous parlons de Joe. A l’entente du dit « problème » et du pourquoi Joe m’en voulait, Crystal sembla surprise de ce que j’ai pu faire, chose que je ne comprenais pas… Elle me connaissait après tout, elle savait de quoi j’étais capable. Bon certes, ce que je faisais maintenant était un peu plus évolué que ce que je faisais quelques années plus tôt. Elle enchaina sur ses chats, et je ne pus que rire à sa remarque. Pas faux. « - D’ailleurs, ils sont où tes chaaaats ? » Demandai-je d’un sourire presque sadique et plein de sens. Je détestais les chats, tout bonnement mais je supportais les siens parce que… Ils étaient les siens. Crystal m’avait bien fait comprendre que je n’avais pas le droit de les embêter, au risque de me faire enterrer vivant. Un jour ou l’autre, j’étais persuadé qu’elle comploterait contre moi avec Joe. C’est bien pour cela que je tentais sournoisement à ce qu’elles ne trainent pas trop ensemble… De fil en aiguille, nous continuâmes la conversation, et portâmes un toast sur nous et notre amitié. Jusqu’à ce qu’elle m’assomme d’un coussin puisque j’ai osé la traiter de chèvre ou je ne sais quoi d’autre encore. Le coup me fit renverser le verre « - Ah bah bravo ! » criai-je. Non pas vexé, mais seulement surpris. Elle se chargea de descendre son verre, et moi je me levai pour aller nettoyer sa propre connerie. «  - Et si je voulais utiliser mon corps pour me faire de l’argent, je préférais être mannequin pour sous-vêtements, c’est beaucoup plus sexe et je ferais baver tous les hommes pour ton plus grand malheur. » Je souris à sa façon de penser en allant chercher de quoi nettoyer, et je mimais alors de mettre un doigt au fond de ma gorge pour ainsi vomir, de façon exagérée et particulièrement bruyante. Alors que je m’apprêtais à vouloir nettoyer le sol, on sonna à la porte. Je lui balançais l’éponge en commentant le fait que j’avais à faire, et accourus directement vers la porte, muni de mon porte-feuille « - Y’A LES PIZZAS ! » A croire qu’ils sont de plus en plus rapides… Bon, je ne dis pas, la pizzeria est juste à côté. Je pense que j’avais des étoiles dans les yeux quand j’ouvris au pizzaïolo, que je le payai pour ensuite ramener les pizzas devant la télé ! « - Mangeeeeeeeeeeer ! » J’installai le tout, me servis une nouvelle fois avant de nous mettre un film.

Crystal avait le don de me faire sourire : autant par sa présence, que par ses phrases. Il y avait des moments où elle disait n’importe quoi, où l’on pouvait penser qu’elle n’était pas très futée comme nana. Mais en réalité, elle était bien plus que cela. En plus d’avoir la main sur le coeur, Crystal est intelligente, intéressante et ouverte d’esprit. Elle n’est pas celle qui péterait un scandale pour je ne sais quelle connerie, et elle est surement la seule femme qui a su m’accepter tel que j’étais, sans jamais dire ce que je devais faire ou ce que j’avais à faire. Elle tentait de me cadrer, en vain, mais elle me respectait. En fait, je pouvais clairement tout lui raconter, sérieusement parlant, sans craindre un jugement de sa part. Chose que je ne retrouvais pas chez les autres personnes. « - Oh arrête ! Tu serais le premier à baver sur mon corps si parfait et à frapper tous les mecs qui oserait regarder les photos plus de cinq secondes top chrono. » Elle me décrocha un rire, et du tac au tac, je ne pus que répondre « - Prétentieuse. Je m’attarderais sur d’autres corps. » Elles étaient nombreuses. Je n’étais pas jaloux que d’autres garçons la regardent, je ne supportais seulement pas le fait qu’ils puissent la regarder comme si elle n’était qu’un vulgaire steak. Ceci me mettait hors de moi. Cela valait aussi pour ma soeur, mais étrangement, pour elle, je me faisais bien moins de soucis.

Enfin les pizzas arrivèrent, et mon ventre prit le contrôle de mon esprit. C’était assez aisé pour lui, surtout quand l’odeur de ce plat venait chatouiller mes narines. Pour moi, pas besoin d’une chef cuisinière : une pizza me comblait de bonheur. D’ailleurs, je ne sais pas pourquoi, je faisais une grimace à Crystal pour ce qu’elle venait de me dire. Le souci : je ne l’avais pas réellement écouté. Les pizzas, une fois payées et posées, me firent sourire. Alors que Crystal émettait un commentaire, j’avais déjà englouti le trois-quart d’une part en seulement une bouchée. Par ailleurs, je pouvais sentir un peu de fromage qui restait collé entre ma bouche et la pizza… « - Qchoii ? Qu’esht-tu disais ? » Signe que je préférais nettement manger tranquillement, que dis-je, déguster ma pizza qui valait trois fois plus qu’un putain de restaurant gastronomique valant la peau des fesses. Entre temps, j’attrapai la part qu’elle convoitait « - Tss tss tss, c’est pas bon pour ce que t’as. » Sous-entendu qu’elle devait mincir « - Tu devrais envisager à aller faire les footing avec moi et Whisky. »