Je me souviens de ce jour, de ma tenue de ce que j'ai ressenti au moment de notre rencontre. Il faisait très froid, je portais une doudoune fourrée au niveau de la capuche, une doudoune bordeaux choisie par les soins de ma mère avant mon départ, je me souviens d'avoir quitté l'hôtel, lassée par avance de la journée qui nous attendait sans me douter un instant du revirement de situation qu'allait provoquer cette rencontre dans ma tête et finalement, je me souviens de lui, de son regard presque animal, de son costume noir et blanc. On s'étaient rencontrés au détour d'un séjour en Islande, mes parents ont tout de suite désapprouvé cette rencontre tandis que moi, elle m'a passionnée. Il n'était pas particulièrement expressif, il était même carrément timide mais on m'a toujours dit que j'avais la tchatche pour deux alors j'ai profité de ce don pour faire la discussion. C'est cette rencontre qui m'a poussé à m'engager chez Greenpeace, comme quoi, il suffit d'un regard. J'ai passé presque deux heures, assise à côté de lui, cherchant son contact visuel autant que physique à certains moments. La sensation d'avoir trouvé une âme soeur, un partner in crime. Les mots semblaient être de trop entre nous et un simple regard nous suffisait à nous comprendre. Il s'agissait de ce genre de rencontre unique qui vous marque à vie. Je me souviens de son élégance naturelle, de sa prestance qui m'avait interloqué à l'époque. Il était beau avec son manteau bicolore, ce que j'avais alors pris pour du dédain m'apparaît aujourd'hui comme de l'élégance. Une présence digne d'un lord anglais, je me souviens de lui. De cette rencontre qui a modifié mes plans de carrière, je me souviens de lui, je me souviens de ce pingouin.