☾ on a tous essuyé des refus, ça tanne le cuir des séducteurs,
ça peut faire très mal, le sais-tu ? que c'est vulnérable un dragueur

Isaac était assis à son bureau, dans un coin du salon, devant son ordi. Il faisait semblant de travailler, les fichiers étaient ouverts, il avait ses plans près de lui, mais en réalité, il ne faisait pas grand chose d’autre que fixer son portable, désespérément silencieux. Il avait passer la journée à bosser – si si, pour de vrai – alors il était simplement hors de question qu’il passe la soirée seul. Il avait envoyé plusieurs textos, dont l’habituel à Annie pour lui demander pourquoi elle n’était pas encore rentrée, et à quel degré de l’échelle de Richter elle se sentait crevée aujourd’hui, histoire de voir si le West of The Moon la branchait. Bien évidemment, elle ne répondait pas, et il avait failli aller vérifier dans son appartement à elle, de l’autre côté du palier, si elle n’avait pas oublié son portable sur la table, comme ça lui arrivait souvent. Parfois, quand il l’appelait depuis son propre appartement, il entendait le maudit objet sonner chez elle. Il aurait bien essayé aujourd’hui, juste pour être sûr, mais il avait préféré mettre de la musique, et aimait bien trop cet album pour l’interrompre. Voyant du mouvement dans son champ de vision, Isaac leva la tête vers la grande fenêtre qui lui faisait face, apercevant son voisin qui s’affairait dans la cuisine. Torse-nu, évidemment, car il ne semble pas posséder énormément de t-shirt à vrai dire, vu le temps qu’il passe avec les épaules à l’air. Après tout, il ne pouvait pas lui en vouloir, Isaac adorait se promener chez lui en pantalon de pyjama, pied-nu, sans se soucier de rien, mais ça, c’était avant qu’il partage son appartement. Hochant la tête pour se reconcentrer, il jeta un dernier coup d’œil à l’écran de son portable – toujours rien à signaler – et se remit sérieusement à travailler.

Quand il entendit la sonnette, il n’aurait su dire combien de temps avait passé – à vue de nez, trois chansons et quart – mais il sursauta et se leva de son fauteuil dans la seconde. Traversant l’appartement, il cria à la cantonade : "Non mais tu pourrais répondre quand je te sonne, chieuse, je t’ai laissé douze messages !" Ca avait beau être l’amour fou entre sa meilleure pote et lui, ils n’étaient pas toujours particulièrement tendre l’un avec l’autre. Arrivé à la porte d’entrée, il l’ouvrit en un grand mouvement ample, pour tombez nez à nez avec… à l’évidence, pas Annie. Instinctivement, Isaac haussa un sourcil en s’apercevant que son voisin n’avait pas pris la peine de se vêtir. "Lincoln," Iz salua avec une moue amusée mais un rien perplexe. "Joli t-shirt. Je peux faire quelque chose pour toi ?" Il s’efforça de regarder dans les yeux, sachant que ça lui ferait trop plaisir s’il le jaugeait en songeant que, réellement, leur relation de bon voisinage était peut-être trop bonne, justement.