Tu avais obtenu gain de cause et tu avais pris le train. Impossible pour toi de monter dans un avion. Alors certes cela t'avais pris plus de temps mais au moins tu étais arrivée en vie. Une fois à la gare, la styliste de Joan t'avait presqu'immédiatement rejointe et t'avait emmené dans un somptueux magasin. Bien entendu, et comme prévu, elle te présenta une superbe robe violette. Mais tu avais peur qu'avec ton teint et ta couleur de peau ce ne soit pas le meilleur choix. Tes yeux se posèrent sur une somptueuse robe bustier verte. Tu n'avais jamais osé cette couleur mais tu avais toujours rêvé de le faire. Etonnement elle t'allait à ravir. Clare sautillait de partout, dirigeant d'une main de fer les maquilleuses et coiffeuses et te confiant à quel point elle était ravie que tu fasses partie de la vie de Joan. Tu te sentais presque coupable envers cette jeune femme. Elle avait à peu près ton âge, elle était pleine de vie et tellement adorable. Elle ne t'avait pas prise pour une fille supplémentaire, elle t'avait choyée et tu étais presque sûre, que dans d'autres conditions, elle aurait pu devenir une très bonne amie. Deux heures plus tard tu étais fin prête. Il était convenu que Joan vous rejoigne ici, pour que vous puissiez vous rendre au tapis rouge ensemble. Plus les minutes passaient, plus tu stressais. Pas parce que tu devais le voir, ça tu t'en contrefichais, mais parce que tu devais te montrer convaincante. Tu le savais il allait t'envoyer bouler, réduire le peu de confiance en toi que tu pourrais avoir et t'imaginer face à des centaines de journalistes, ses soeurs, tout ça commençait sérieusement à te stresser. Tu ne le lui avouerais pas mais tu étais allée faire un tour sur sa page Wikipédia, histoire d'être vraiment prête. Vingt heures, la porte s'ouvrit laissant apparaitre un Joan en costume. Il était magnifique, le costume cela va de soit... "Ponctuel ce n'est pas dans ses habitudes" pensas-tu. Rapidement Clare et ses sous fifres quittèrent la pièce, voulant probablement vous laisser un peu d'intimité dont vous ne vouliez pas. Tu ne te connaissais pas comme ça mais c'est gênée que tu dis : « Finalement on a opté pour du vert. »

Cela me faisait crever de rire que Violet n'ait pas pris l'avion mais le train, par phobie. Dans mon jet privé, j'avais eu l'occasion d'être préparé par Clare, ma styliste. Elle m'avait rasé de près, refusant catégoriquement que je garde ma barbe naissante pour une cérémonie aussi prestigieuse. Puis, elle m'avait déguisé en pingouin sous mes protestations. Je n'aimais pas le tissu de la chemise qui collait à ma peau ni le pantalon, qui me faisait ressembler à un clown. Elle me répétait combien cette cérémonie était importante pour moi. Je le savais. C'était la première véritable cérémonie prestigieuse à laquelle j'assistais et pour laquelle j'étais nominé. Je l'étais dans quatre catégories et j'étais certain de repartir avec au moins deux récompenses compte tenu des audiences de Murder. Aiden Watts, mon personnage, était devenu une partie de moi-même et je ne pouvais pas risquer de perdre ce bout de mon être. Malheureusement, à trop jouer avec le feu, on se brûle et pour conserver mon rôle, je devais me refaire une réputation. Violet était ma solution et bien que j'éprouvais une haine sans borne à son égard, je me taisais et subissais en me rendant à ce tapis rouge avec elle. J'attéris et rejoignis rapidement Violet. Elle portait une robe verte qui lui allait à ravir alors que je pensais que Clare avait choisi une robe violette. Elle était mignonne, absolument. « Je ne suis pas daltonien, merci », répliquais-je sèchement. Je m'emparais d'une cigarette que Clare envoya valser en me criant dessus. « Hanson, non ! Je ne veux pas que tu pues sur ton tapis ! Maintenant, bisous à ta chérie que je vous prenne en photo ! ». Je masquais un soupir alors que je me rapprochais de Violet, Paul, derrière Clare, me faisant de gros yeux et de grands signes. Je passais mon bras autour de ses épaules et, à contre-coeur, déposais un baiser sur sa joue. J'espérais convaincre.

Tu étais nerveuse. Tu ne voulais pas qu'il croit que c'était parce que tu l'appréciais ou pire qu'il t'impressionnait. Tu l'étais parce que tu ne voulais pas que ton frère ait de soucis. Tu le voyais au fond de la salle te lancer des regards complices, tu lui répondais avec un petit sourire mais tu étais mal à l'aise pour lui. Il jouait sa place tu le savais et même s'il faisait comme si de rien n'était tu pouvais sentir le stress qui l'habitait. C'était votre premier événement public. Tu t'efforçais de sourire à cet idiot de Joan lorsqu'il t'agressa presque avec sa remarque. « Je ne suis pas daltonien, merci » Tu ne pus retenir ta surprise. Il était totalement con ou quoi ? Alors qu'il s'approchait pour la fameuse photo tu en profitas pour t'adresser à lui. « Pour l'instant tu ne convaincrais même pas la moitié de tes producteurs Hanson. » lui soufflas-tu discrètement. Tu sentis ses bras se refermer autour de toi, tu vis son sourire charmeur prendre place sur son visage et il se pencha pour embrasser ta joue. A vomir ! C'était à vomir ! Clare semblait encore plus excitée qu'auparavant, gesticulant de partout, n'arrêtant pas de répéter qu'on ferait sensation, qu'on était le plus beau couple qu'elle ait pu un jour voir. Ton frère se moquait de toi légèrement, tu avais envie de l'assassiner. Et puis il y avait Joan. Tu voyais dans son regard que ça lui avait couté tout l'or du monde de faire cette photo. Alors tu en profitas. « Clare tu es un génie ! Je n'arrive pas à le faire arrêter de fumer. Pourtant ses soeurs et sa mère sont du même avis que moi. Je peux te demander de le surveille pour nous ? Il a l'air de plus t'écouter. » dis-tu en lui faisant un clin d'oeil. Tu agrémentas ta parole d'un geste tendre envers celui que tu haïssais tant. Une petite caresse sur la joue qui s'accompagna de la bienveillante formulation. « Fais pas cette tête mon coeur tu nous remercieras un jour. Tu sais combien ça ferait plaisir à ta maman. » La petite amie totalement concernée par la santé de son mec ? Jamais tu n'aurais cru faire ça. Mais ça lui apprendra à s'assoir sur ton comptoir et à ne même pas te complimenter sur ta tenue !

J'ai envie de la frapper, sans rire mais j'ai beau être un sacré minable, ça n'est pas dans mes valeurs de taper une femme. Je grognais simplement pour exprimer mon mécontentement avant que Clare ne parte dans de grandes exclamations qui m'agaçaient profondément. Je ne montrais rien et me contentais de sourire car tel était ce que l'on me demandait de faire. Je laissais faire, je la laissais même me caresser la joue sans faire un rictus de dégoût comme j'aurais pu le faire en temps normal. Lorsque Violet évoqua le fait que Clare devait me surveiller et me faire arrêter la cigarette, ma haine prit le dessus. Je lâchais ses épaules, que je tenais de mon bras enroulé autour et m'exclamais alors que Clare prévoyait déjà des entraînements sportifs pour compenser. « Je n'arrêterais pas de fumer », grommelais-je, déterminé alors qu'on annonçait dans l'oreillette de Paul qu'il était l'heure pour nous de passer sur le tapis rouge. Mon équipe prit le pas ainsi que mes camarades de la série, second rôle. Etant le premier rôle, j'avais toute la lumière sur moi et passais après eux. Je glissais ma main, moite à cause de l'angoisse de cet événement et des enjeux, dans celle de Violet. Je posais mon regard sur elle et hochais de la tête. Nous nous jetions dans la fosse aux lions.  Cela passait ou cassait. Soit on nous croyait, soit … soit je perdais tout. Je déglutis difficilement alors que des fans comme des journalistes hurlaient mon prénom. Joan par ci, Joan par là ! Cela n'arrêtait pas ! Finalement, j'acceptais une question ou deux. Une sur Aiden, mon personnage. Et l'autre, une catastrophe. On me demandait de présenter ma petite-amie. Je resserrais ma prise autour de la main de Violet. « Elle s'appelle Violet et c'est tout ce que vous saurez à son sujet », répondis-je. Je lançais un sourire à la jeune femme. « Parce qu'elle est rien qu'à moi, vous comprenez ? C'est mon p'tit secret. ». A gerber.

Que la victoire était agréable à savourer. Tu le regardais être complètement désabusé et agacé par ta petite reflexion sur la cigarette. Il n'allait pas faire le malin très longtemps, s'il continuait sur cette pente là. Il continuait à maugréer pendant que Clare s'agitait et quelques secondes plus tard Paul ré-apparaissait leur indiquant que l'heure de s'avancer sur le tapis rouge était enfin arrivée. Tu n'avais qu'une envie : faire marche arrière. Concrètement tu ne jouais pas ta place, ni ton métier mais tu avais peur pour ton frère. Et puis tu avais peur d'aller à la rencontre des journalistes et des fans de Joan. Tu ne savais pas comment gérer tout cela, tu n'étais qu'une "simple serveuse" comme te définissait si bien ton pire ennemi. Tu sentis sa main moite attraper la tienne et tu fus presque rassurée. Au moins tu n'y allais pas toute seule. Même si au vu de votre relation c'était presque le cas. A peine sortis tu vis une foule de badois scander le nom de Joan, les flash crépitants et les journalistes se précipitant sur vous. Mon dieu ce que c'était impressionnant ! Comment pouvait-il apprécier ce genre d'ambiance ? Evidemment les premières questions concernèrent son personnage mais dès la deuxième tu fus à ton tour au centre des attentions. Qui étais-tu ? C'était ce que tout le monde voulait savoir et Joan se défendait plutôt bien. « Elle s'appelle Violet et c'est tout ce que vous saurez à son sujet. Parce qu'elle est rien qu'à moi, vous comprenez ? C'est mon p'tit secret. » Aucun doute là dessus il était très bon acteur. Je concentrais tous mes efforts à le regarder amoureusement, imaginant qu'il s'agissait d'Andrew Garfield par exemple et lui rendit son sourire. Tu jouais al timide et cela semblait encore plus intriguer les journalistes. A peine abordés par le deuxième que les questions fusèrent de nouveau. Mais cette fois-ci on s'adressa à toi. Est-ce que tu étais fière du parcours de ton amoureux ? Est-ce que tu n'avais pas trop peur de ses fans hystériques ? « Qui ne serait pas fier de lui ? » répondis-tu en ne le quittant pas du regard. « C'est un merveilleux acteur et une personne formidable dans la vie de tous les jours. Tout le monde devrait prendre exemple sur lui. Du moins c'est ce que je fais moi. » rajoutas-tu en souriant. Un couple niais et amoureux oui voilà ce que vous étiez. Les journalistes n'arrêtaient pas de scander la fameuse phrase "couple de la soirée" ou encore "nous rencontrons enfin Violet, déjà très populaire sur les réseaux sociaux"... Tu avais la tête qui tournait, les questions, les remarques tout était trop assaillants. Tu ne le remarquas pas mais tu serras un peu plus la main de Joan comme pour te rassurer. Tu aurais voulu ne jamais le penser mais tu avais besoin de lui. Direction le photocall. Ton frère t'avait prévenu environ un quart d'heure de photo pour les magazines, le web... Tu souriais, le regardant, posant ta main sur son torse et puis il y en a un qui ne put s'empêcher de faire le malin et qui scanda "le bisou, Joan, le bisou". Tu tournas ta tête vers lui, hésitante. Tu ne prendrais pas cette décision. Plutôt crever !