Vous l’aviez marqué dans l’agenda, le décompte jusque la fête du million d’abonnés de Lennox. Ah ça c’était partout, ça tournait même à la vitesse de Flash sur internet, elle n’en pouvait plus. Phinaë avait passé la journée à s’excuser auprès de Polly qui avait besoin d’aide pour transporter la nouvelle collection de tasses au magasin le même soir. Elles s’étaient disputées parce qu’au départ, Phinaë ne comptait pas se présenter à la soirée. Affronter la foule ce week-end là, ça la contrariait un peu, et elle avait prévu de s’installer avec le chat devant la télévision, mais au final, cheveux attachés, une tenue sobre avec motif à fleurs habituel, elle pénétrait dans le loft qui semblait imploser par éclats de couleurs de tous les côtés. Elle était venue avec un peu d’avance, mais bien entendu l’endroit grouillait déjà de monde.

Phinaë eu l’impression de débarquer dans un grand festival de cinéma… chez les jumeaux, c’était comme ils l’auraient précisé ,cent fois mieux que ça. Alors elle fit simplement un grand sourire, en s’enfonçant, calmement malgré la musique qui hurlait, traçant sa marche de sa béquille. “Lennox !” fit-elle assez fort, en le remarquant plus loin. Et le plus lentement du monde il lui revint qu'ils étaient supposés former un couple un minimum potable. Mais elle n'en fit rien.

Tu avançais le long du couloir pour rejoindre le loft où tu pouvais d'ors et déjà entendre la musique. Dans quelle connerie tu t'étais encore fourrée. Pourtant, tu t'étais promis de ne pas y aller, de rester tranquillement chez toi en regardant la télévision. Or, tu es ici vêtue d'une belle robe noire assez moulante et de tes talons aiguilles. Pourquoi tu es venue ici au fait ? Tu n'en sais trop rien. Peut-être que l'envie de le voir t'étais trop importante ? Lui, qui t'as trahie et que tu as quitter. Lui, qui s'est bien foutu de ta gueule et dont t'as envie de te défaire. Mais tu ne peux pas. A croire que tu l'as dans la peau, faut que tu vois ses cheveux, faut que tu vois ses yeux bleus océans. Parce que oui, ses yeux posés sur toi te manque. Ses yeux scrutant tes moindres faits et gestes te manque. Sans parler de ses lèvres. Et tu sais que tu fais une grosse erreur en allant à cette fête mais tu n'y peux rien. Tu y es déjà après tout alors en profiter. Dans le meilleur des cas, tu partiras saoule et ne te rappellera pas de ce qui s'est passé. Dans le pire des cas, tu n'arriveras pas à boire et tu le croiseras. Bien sûr, vous vous disputerez et quand tu rentreras tu pleureras car au fond il te manque. Maudit sentiment! Rentrant donc dans le loft dont tu connais les moindres recoins, tu te ruas vers un verre (d'ailleurs, tu n'as aucune idée de ce qu'il y a dedans mais peu importe) et tu le ramenas à tes lèvres. Du whisky. Tu n'aimais pas vraiment le goût de celui-ci mais il serait toujours meilleur que de voir Phinaë se rapprocher de Lennox. De TON Lennox.

CE SOIR C’EST FIESTA !
Et qui dit fiesta, dit jolis c*ls. Qui dit jolis c*ls, dit un Avery content. Qui dit un Avery content, dit un Avery bourré. Qui dit un Avery bourré, dit beaucoup d’alcool. Qui dit beaucoup d’alcool, dit fiesta. Qui dit fiesta, dit… Ok, stop. N’empêche, je suis content de pouvoir venir en compagnie de ma coloc’ de choc : Joe. Premièrement, parce que je pourrais boire comme un trou sans me soucier de la manière dont je vais pouvoir rentrer, parce qu’elle me ramène. Deuxièmement parce que… Ah non, y’a pas de deuxièmement finalement. Mais qu’on se le dise, j’étais content qu’elle puisse venir. Et puis, ça la fera sortir encore ! Je sais que le lendemain sera difficile pour elle, qu’elle aura les cheveux en pétard, et les cernes sous les yeux… Mais pas grave. Elle est jolie Joe quand elle le veut, vous savez. J’entre comme un fou dans le grand loft des Watt, ces deux youtubeur qui ont dépassé le million d’abonnés et qui ont décidé de faire la fête chez eux. J’aime cette mentalité, et quand j’aurais dépassé la minute de concentration ultime sur les impôts, j’organiserais moi aussi une fête. Du-moins, si nous ne sommes pas ruinés par la suite. Alors j’entre dans le lieu de tout les possibles et m’attarde directement à me servir un verre après avoir lâchement abandonné Joe, non je rigole… Je reste quand même auprès d’elle « - C’est qui le SAM ? » question bête puisqu’aussitôt dit que je bois cul-sec mon verre « - TROP TARD ! Tu conduis et j’me bourre la gueule ! » et fier de moi, je repars me servir de nouveau, me mêlant à l’ambiance de la soirée. Je vois au loin Kira, la meilleure pote de Joe. Enfin je crois. Je ne l’ai croisée que très rarement, mais il faut dire qu’elle ne passe pas inaperçue cette jolie brunette. Je m’approche naturellement d’elle, car elle est seule, et une jolie fille ne doit jamais être seule, pas vrai ? « - Tiens Kira, je suis étonné de te voir ici mais tout aussi content. Pourquoi es-tu seule, dans ton coin ? » je porte le verre à mes lèvres, et mes yeux ne se décrochent pas de son visage angélique. Mais outre le visage, son corps est tout aussi sexy. Elle lui allait bien cette petite robe moulante.

Si tu pouvais avoir des missiles à la place des yeux tu en étais sûre, tu aurais déjà tués Phinaë et Lennox sur place. C'est maaal la jalousie tu le sais pertinemment mais tu n'y peux rien. Pourtant, tu devais dépasser ça et les ignorer. Après tout, ce n'était pas parce que tu étais venue à la fête de Lennox que tu te minerais le moral. Oh non, Lennox t'avais déjà bien assez fait souffrir il était temps de passer outre et de penser à autre chose. Et quoi de mieux que de faire la fête. C'est d'ailleurs pourquoi tu avais reprit un verre. Au pire des cas, tu dormirais sur ce canapé comme avant. Ou sur le sol, c'est bien le sol aussi. Ou dans ta voiture au moins tu es sûre de pas devoir affronter Lennox. Même si, clairement tu étais mal barré sachant que tu étais déjà à sa fête. « - Tiens Kira, je suis étonné de te voir ici mais tout aussi content. Pourquoi es-tu seule, dans ton coin ? » Tu te retournais légèrement vers le jeune homme qui venait de s'adresser à toi. Avery. Avery c'était le colocataire de Joe, beau gosse mais très fêtard. Et si on parle de fêtard on parle aussi de relations à tire larigot. Tout sauf ton type du coup. Pourtant, il n'était pas bien méchant mais tu ne pouvais t'empêcher de le repousser dès qu'il commençait à te draguer. « Salut Avery! Pourquoi étonné ? Je n'ai pas le droit d'aller à la fête de mon ex ? Ou a une fête tout court ? » . Un sourire en coin s'arma sur tes lèvres. Peut-être qu'Avery te permettrait d'éviter Lennox après tout ? « Disons que je ne connais personne, et j'me vois pas aller vers les gens. Et toi alors, t'es venu tout seul ? »

Soirée chez Lennox et sa soeur. Lennox... Lennox, Joe le connait depuis longtemps, depuis bien plus longtemps que toutes les personnes ici présentes, en fait. Lennox, il sait quelque chose que Joe souhaite garder sous silence à tout prix. Elle tente d'ailleurs de l'éviter au maximum depuis ce jour-là, mais elle sait qu'elle ne pourra pas toujours le faire. Comme ce soir. Avery l'a tirée chez les jumeaux pour ce qui semble être la plus grosse soirée de l'année, et elle a finit par accepter de s'y rendre. Alors que son coloc se fou clairement de sa gueule, elle le fusille du regard et boit son verre malgré tout, cul-sec, alors qu'il s'éloigne tout fier de lui. Le chieur. Il ne changera donc jamais ? Sûrement pas. L'étudiante le voit alors s'approcher de Kira. Oh non, pitié, non. Accourant presque auprès de deux, la brunette sourit de toutes ses dents. Eh non ! Il est avec moi ! Je dois jouer la nounou, tu comprends. Elle pose un baiser sur la joue de son amie en guise de bonsoir, riant un peu, et fusille discrètement Avery du regard. Mais qu'est-ce qu'il lui prend à lui ?

Tu sais que t'es belle toi ? Evidement ! C’est fou ce que ton reflet étincelle ce soir. Enfin, comme d’habitude. Mais tu prétends le contraire parce que t'aimes t’émerveiller devant ton miroir, c’est ton passe-temps préféré. Tu pourrais passer ta vie à te regarder si tu n’avais pas prévu de conquérir le monde. Hélas, l’ambition requière du temps, il te faut abandonner ton plus grand amour pour aller briller à ta soirée. Tu es toute excitée par l’évènement qui célèbre la légende des Watt-Dickens aka The What’s. La fierté perle de ton regard, l’arrogance de ton sourire, la vanité de ta classe, la noirceur de ton âme. Enfin tu honores les invités de ta présence et illumines la pièce de ta grandeur. Tu ne reconnais pas le visage de la plupart des invités –des fans sans aucun doute- mais tu aimes savoir qu’ils ne regardent que toi.  Instinctivement, tu repères la crinière étincelante de Phinaë qui est en train de gâcher sa propre couverture avec Lennox. Dans ton immense générosité, tu voles à son secours et l’attrapes par le bras pour lui susurrer quelques mots doux au creux de l'oreille. Ma chérie, ta crédibilité mérite l’oscar de la pire actrice. Tu devrais boire un peu, ça va te décoincer. Sans ménagement, tu la traînes au bar, avec la ferme intention de la convaincre de t'accompagner dans la plus grande cuite phénoménale de l'histoire de l'humanité. T’as une réputation à tenir, faut pas l'oublier. Que la fête commence !

Les invités affluaient, comme Lennox l'avait espéré. Même exigé. Évidemment, me direz-vous, qui voudrait manquer une fête non seulement organisée par les jumeaux, mais aussi une fête qui promettait de rester à graver dans la mémoire des participants pour les 4523 années à venir ? Ne pas y venir serait un suicide social complet, qu'on se le dise. Et pour le plus grand bonheur du petit anglais, et sans aucun doute de Jude, le monde l'avait compris et affluait. Même les plus inattendus. Parmi la foule, Lennox distinguait sans aucun soucis une certaine chevelure et silhouette qu'il reconnaîtrait entre milles. Kira. Sourire en coin. Il le savait. S'apprêtant à la rejoindre, il fit un pas en avant, avant de  faire héler : Lennox ! Avait retentit une voix qu'il connaissait aussi que trop bien. Phin. Calcul rapide dans sa tête : Phin + foule = couple. Elle paraissait hésitante, comme à son habitude lorsqu'elle l'approchait. Adorable. Prenant alors les devants, et voulant surtout à tout prix attraper Kira avant qu'elle ne prenne la fuite, il l'enlaça brièvement avant de lui déposer un rapide baiser sur la bouche. Une simple formalité de faux couple. Je reviens, bouge pas. Et sans un mot de plus, il l'abandonna, mais pas seule à en croire Jude qui venait en leur direction. Jude, la sauveuse du monde, encore et pour toujours. Déterminé comme souvent il l'était, il s'était alors dirigé en direction de Kira qui s'avérait être en de très bonne compagnie. Hello Joe. Joe. Alors décidée à ne plus vouloir m'éviter comme la peste ? Revenue pour un second round ? La salua-t-il d'un sourire en coin et de sous-entendus plus qu'évidents. La mettre mal à l'aise ? Son activité favorite. Puis sans lui laisser le temps de répondre, il se tourna vers le seul mec du troupeau. Le petit chanceux. Tu permets ? Je crois que tu retiens prisonnière ma copine, je la sauve. Dit-il tout en prenant Kira par la main pour la tirer vers un endroit plus tranquille. Oui bon "copine", "ex copine", "future ex ex-copine", du pareil au même. A-t-on réellement besoin de mettre une étiquette sur cette relation ?

La fête battait son plein c'est certains. Et si la plupart des invités n'étaient venus ici car ils sont fans des What's ce n'était pas ton cas. En réalité, ta tête t'avais poussé à venir  ici sans grand but. Peut-être qu'au fond, tu voulais parler à Lennox. Or, maintenant que tu étais ici tu n'avais qu'une envie, repartir. Cependant, puisqu'Avery était là, tu n'étais plus seule! Et encore moins quand tu vis Joe s'incruster. Eh non ! Il est avec moi ! Je dois jouer la nounou, tu comprends. Je fis la bise à ma meilleure amie avant de rigoler légèrement. « Ouuuh, pauvre de toi Joe heureusement que je suis là tiens!  » Et alors que tu pensais pouvoir échapper à ton ex c'est là que tu te trompais. Car sans même comprendre ce qu'il se passait tu voyais ton ex se diriger vers toi. "Meeeeeeeeerde" t'étais-tu dit intérieurement. Joe. Alors décidée à ne plus vouloir m'éviter comme la peste ? Revenue pour un second round ? Tu ne savais pas vraiment de quoi il parlait mais tu ne voulais pas non plus savoir. D'ailleurs, tu ne voulais pas l'entendre et si tu pouvais tu aurais déjà couru dans tout l'appartement pour l'éviter. Mais tu n'étais pas une gamine et tu devais l'affronter. Tu devais lui montrer qui était le sexe fort et ça ne serait pas lui, c'était certain ! Tu permets ? Je crois que tu retiens prisonnière ma copine, je la sauve. "PUTAIN" Il te prit par la main t'emmenant donc vers un coin plus tranquille. Devrais-tu t'énerver car il a prétendu que tu étais encore sa copine ou bien qu'il t'enlève comme si de rien était ? « Tu veux quoi Lennox ? Dois-je te rappeler que je suis plus ta copine, ou bien ? ...  » Tu avais lâché cela d'un ton froid, parce que non tu ne dois pas lui montrer que tu meurs d'envie de l'embrasser, de l'entendre une nouvelle fois dire que tu es sa copine. Non, tu ne dois pas lui montrer tout ça. Tu dois résister.

Il fait tâche. Entre tous ceux qui se sont apprêtés pour la soirée, prêts à apparaitre sur Youtube, ne serait-ce qu’une seconde. Pour les photos sur Facebook et, on peut rêver, dans les magazines. Ceux qui sont hype, qui ont le style. Ceux qui parlent nouvelles technologies et stars d’Internet – les nouvelles célébrités, qui font de l’ombre au peuple Hollywoodien.

Zadeh, lui, porte un vieux pull et un jean slim élimé. Des baskets trouées. Certains lui trouvent un style, le confondent avec un raveur, un fan de musique qui cogne, qui prend la seringue et le cachet smiley. Rebelle, sauvage fascinant, tarzan du nouveau siècle. D’autres voient en lui un artiste, un fils qui fait une école à 10 000 euros l’année pour s’amuser avec crayons et pinceaux. Il veut être le prochain Miyazaki. Certains pensent le reconnaître et lui font des clins d’œil. Mais personne ne l’approche, et c’est tant mieux.

Sans s’embêter de quoi que ce soit, sans faire attention à la musique, à la boisson ou à qui fait quoi, Zadeh parcourt les pièces de la maisonnée. Il cherche l’argenterie, les bijoux, l’armoire à pharmacie. Il veut ce qui se revend, pour des monnaies sonnantes et trébuchantes. Et tout téléphone qui sur une table traîne est raflé, au même titre que les sacs à mains abandonnés. Peut-être même se saisira-t-il de ce bel halogène, qui doit être une pièce unique de designer.

C’est fou, il n’a pas encore croisé d’agent de sécurité.

De son ex ? Ah bon. Je ne savais pas. Ou plutôt je ne m’en étais jamais intéressé. Mais elle me semble aguicheuse, elle me plaît bien. Après tout, avec son visage de poupée, ses jolies yeux bleutés et sa voix à tomber, elle ne pouvait que me plaire. Elle semble avenante à une conversation, me posant la question de tous les départs : si j’étais seul. Techniquement, non. Sinon, oui puisque j’étais venu avec Joe. Cette dernière n’hésite pas à s’insurger dans la conversation, m’excluant presque du round. Elle m’envoie des éclairs, et je ne peux m’empêcher de faire de même. Gâche pas mon coup, bordel, pensai-je au fond de moi alors que je fronçais des sourcils tout en sirotant mon cocktail. Non mais Joe, fais pas la con, laisse-moi faire, je veux juste parler avec ta meilleure pote, et rien d’autre. Rien d’autre ? Kira fait la moue, plaignant son amie pour le fait qu’elle soit ma nounou ce soir. Je ne peux m’empêcher de lever mon verre et de rigoler par la même occasion « - C’est le minimum pour le meilleur coloc’. » Et soudainement, un malotru s’incruste. Il ne me fait pas face, préférant s’adresser à Joe. Pourquoi cette grimace, les filles ? Qui est ce mec ? Joe … ? Je lui lance un regard interrogateur, jusqu’à ce que monsieur l’incruste me parle « - Tu permets ? Je crois que tu retiens prisonnière ma copine, je la sauve. » Pour qui il se prend le nain d’jardin ? Bon, nain de jardin, j’abuse un peu. Mais il est quand même inférieur à moi. Il kidnappe aussitôt Kira, et je peux voir son regard, mais je m’attarde sur Joe « - C’est qui ce type ? » le méprisais-je. Et pourquoi elle ne m’a pas l’air comme d’habitude ? Il a fait quoi ? Non mais… Non mais on ne m’emmerde pas de la sorte ! Joe est contrariée, il a kidnappé Kira qui ne me semblait pas des plus avenantes. ça ne se passe pas comme ça. Puis soudainement, après un dernier cul-sec, je me souviens de sa tête : Lennox. Effectivement, c’était mon hôte. C’était le youtubeur. Je ferais mieux de prendre des photos et les coller sur les murs pour me souvenir de certaines personnes. J’ose alors les suivre, le couple qui s’est mis dans un coin à part et je peux entendre les quelques mots de Kira « - … rappeler que je suis plus ta copine, ou bien ? … » Au-moins, ça avait le mérite d’être clair et je pense que je pourrais aller sauver la princesse du dragon. Bien que je ne sois pas un prince charmant, mais ça, on n’était pas obligé de le préciser. « - J’ai l’impression que vous n’êtes pas d’accord sur un point. Je t’offre un verre Kira ? » je pense que je le provoque un tantinet car je pose quelques secondes mon regard sur Lennox, d’un sourire en coin, j’attrape légèrement Kira par la taille pour la rapprocher vers moi. Allez, détache-toi de lui.
Par contre, je pense que je venais de déclarer la guerre.

Non, Phinaë n’était pas Sherlock Holmes. Avec sa béquille, son petit mètre soixante-trois, elle n’était pas non plus Inspecteur Gadget, aucun moyen de se sauver hors du périmètre si par malheur elle bousculait un serveur concentré qui lui ferait tomber un Monaco dessus. Il hurlerait, elle hurlerait sans doute pareillement. Parce que c’était là tout le problème de sa foule, quand elle ne savait pas faire avec, elle finissait par accumuler les maladresses. Oui, décidément, Phinaë aurait pu s’abstenir. Mais elle ne l’avait pas fait. Qui sait avec un peu de chance, Lennox aurait croisé Kira, ils se seraient réconciliés, c’était aussi simple que ça. Le petit manège orchestré par Jude se serait encastré dans la rouille indéniable du moment parfait de bonheur que vivraient alors les précédemment favoris dans leur idylle renouvelée… On l’oublierait…
Splendide.

Navrée, Phinaë, mais le calculé passage de Lennox Watt-Dickens pour un chaste et tendre baiser d’amoureux pressé vient de te valoir le rôle ô combien convoité de Peeta Mellark aux soixante-quatorzième hunger games… et tu es aussi douée qu’un poisson sur le pont d’un bateau en plein naufrage. Ce à quoi, elle répond d'un vain hochement de tête, un poil coupée dans son élan. L’avantage, c’est que comme toujours, Jude est sa sirène de prédilection. Elle suit ses pas sans trop de mal, les pans de sa robe remuant de soulagement.
Avec son habituel tact, Jude devient le guide universel, elles se posent au bar. Prévisible. Mais Phinaë apprécie le sauvetage inespéré. “Jude ! J’ai cru que tu t’étais perdue dans ton dressing ou autre part…” autre part était supposément devant son miroir, mais elle faisait mine de lui accorder un tantinet de mystère. “Merci, de m’avoir éloignée de la caméra un minimum, je ne me voyais pas improviser quoique ce soit.” Cela dit comme elle l’avait envisagé, Lennox était déjà occupé à sa reconquête acharnée.

S’il y avait une enclave sur terre au sein de laquelle Isaac n’était pas le bienvenu, c’était la petite sauterie des jumeaux Lilith et Belzébuth. Ce fut précisément la raison pour laquelle il passa le seuil, sachant qu’il n’avait de toute façon rien de mieux à faire de sa nuit qu’aller les irriter devant caméra. Il n’avait encore jamais pris le temps de se donner envie de se tirer une balle pour regarder une de leurs petites vidéos, mais au vu du monde présent, il supposait que la vie des urticants devait avoir un certain intérêt anthropologique. Chacun faisait ce qu’il voulait, il ne jugeait pas. Il y avait déjà bien trop de ça dans une seule et même pièce.

Il y avait les habituelles têtes connues – Ayr n’était réellement pas si grande que ça – et puis les inconnus, ceux qui avaient l’air de ne pas être trop sûrs eux-mêmes de ce qu’ils faisaient là. Iz avait beau ne jamais être venu dans l’endroit (la relation entre les maîtres de maison et lui excluaiet d’office les visites de courtoisie), il n’eut pas à mettre trop d’efforts pour trouver la cuisine, et tout le monde sait qu’il n’y a que la cuisine qui vaut le coup, en particulier chez les gens qui n’ont pas de balcon. Dès qu’il repéra des mèches rousses prolongées par une béquille, il arrêta de se poser des questions.  "Dieu merci, un être humain." Souffla-t-il en riant dans l’oreille de Phinaë, la faisant sursauter. Quand elle eut compris que c’était lui, il passa un bras autour de ses épaules – car c’est ce qu’il faisait toujours quand elle était dans les parages – et lui déposa un bisou dans les cheveux en guise de bonjour. Certes, Jude était là aussi, occupée à regarder autour d’elle, probablement pour s’assurer que tout le monde n’admirait qu’elle, mais s’il pouvait l’éviter, il ne la calculerait même pas. Ca n’avait jamais été son genre d’ouvrir les hostilités le premier.  "Alors comme ça, t’as perdu ta deuxième béquille, mon chou ?" Bien évidemment, il parlait de Lennox, et connaissant la grande amitié entre eux, elle devait s’en douter.

Joe sourit à Kira qui ne croit pas si bien dire. Je le vois bien, son petit jeu, à mon coloc. Quand il a ses yeux là, et ce sourire, Avery n'a pas que de bonnes intentions. Ou tout du moins, pas les bonnes. Alors qu'elle s'apprête à reprendre la parole, un incongru fait son apparition. Joe. Alors décidée à ne plus vouloir m'éviter comme la peste ? Revenue pour un second round ? Sourire en coin, celui qu'elle trouvait drôle à l'époque, mais aujourd'hui plus du tout. La brunette sent ses joues s'empourprer et le dévisage les yeux ronds alors qu'il se fiche d'elle et emporte Kira sans demander son reste. Lennox, ou la plus grosse erreur de la vie de tout le monde.  C’est qui ce type ? demande alors Avery, totalement à la ramasse apparemment. Joe, décontenancée et très mal à l'aise, laisse échapper un grognement.  Un con. Puis Avery détalle et la demoiselle se retrouve seule, perdue dans ses pensées. Mais quel con, sérieux. Alors qu'elle reprend peu à peu ses esprits, son regard s'attarde sur un jeune homme à l'allure... étrange, dira-t-on pour être poli. Et plus particulièrement sur ses mains qui, d'un geste rapide, grappillent tout ce qu'elles trouvent à leur portée. Comprenant alors la situation, l'étudiante se rapproche en quelques pas du gamin - car oui, il semble plutôt jeune - et se poste devant lui. Joe, c'était peut-être pas la meilleure idée que t'ait déjà eu... Hé, je peux savoir ce que tu fais ? Et ça ! C'est à ma pote. Elle récupère dans la main du jeune homme un téléphone portable qu'il vient de récupérer - merci l'effet de surprise - et le dévisage d'un air désapprobateur, mais doux malgré tout.

Et merde. Il s’était fait prendre. Pas par un vigile, non – par une jeune femme, au visage rond et au regard doux. Est-elle sérieuse ? Elle semble l’air… plantée devant lui, elle l’empêche de passer et a même le culot de reprendre ce qu’il venait de prendre. Le téléphone à sa pote. Un temps d’arrêt, dû à la surprise. Son rythme cardiaque s’est légèrement accéléré… pendant un bref moment, Zadeh avait crû que l’inconnue ferait un scandale. Oh, elle aurait raison d’en faire un ; mais l’iranien ne désirait aucunement se faire remarquer : ainsi, il serait toujours cet inconnu, duquel on ne se méfie pas. Celui qu’on prend pour un raveur, ou un étudiant en art. Et non pas le pickpocket qui s’est fait jeter dehors à telle soirée.

« Eh, j'pensais que c’était l’mien… je l’ai laissé quelque part, mais j’sais plus où. » En avant les mensonges ! Un tic nerveux fit apparaître un sourire sur son visage inquiet et machinalement, il enfonça ses mains dans ses poches, tout en haussant les épaules. Il prenait l’apparence de celui qui ne fait attention à rien, qui prend la vie comme elle vient… et espérait que l’inconnue goberait cela et le laisserait partir, pour continuer à profiter de la fête et ses richesses. Oh, Zadeh avait d’autres choses à faire que de papoter ! Il devait gagner sa vie, comme toute honnête personne.

Le sien, hein ? Alors qu'un sourire apparaît sur le visage de l'inconnu et qu'il hausse les épaules, Joe, elle, le dévisage. Il est sérieux ? Il la prend pour une idiote ? Pourtant, elle reste calme, Joe. Elle sourit même, gentiment, alors que le rictus de l'inconnu, lui, est loin d'être empreint d'innocence, ou de quoi que ce soit de positif. Elle le sait, elle le sent. Dans ces cas là, tu aurais pu juste vérifier. Elle lui met le portable devant les yeux et appuie sur le bouton central. Apparaît alors un fond d'écran rose et blanc, digne d'une fanatique de Barbie. Pas sûre que tu sois fan de poupées hein, entre nous. Elle lui offre alors le plaisir d'un clin d'oeil qu'on pourrait presque qualifier de "complice" mais qui, pour le coup, sonne plutôt comme un "je vois clair dans ton jeu". Finalement, elle hausse les épaules à son tour. Allez, dis moi, t'as pris quoi d'autre. Y'a le choix dans cette baraque, surtout vu le monde qu'il y a ce soir. Un regard pour balayer les alentours, un mince sourire sur les lèvres, des yeux pétillants de curiosité. Qui est-il ? Que veut-il ? Joe a comprit qu'il est loin d'être un ange, et pour sympathiser avec le diable, mieux vaut jouer la carte du petit soldat de l'enfer.

Il est de ces soirées qu'il est sacrilège de bouder. Celle qui se profilait en faisait indéniablement partie. Dès que l'invitation s'était retrouvée entre ses mains, Sasha avait entourée en rouge la date du 17 janvier en se promettant de ne louper cet événement pour rien au monde. Juchée sur des talons vertigineux et habillée d'une robe verte plus courte que la décence ne le permettait, elle fit donc son entrée dans la demeure des jumeaux "Whats". Des invités par dizaines se trouvaient déjà là lorsqu'elle fit son entrée, la fête battait son plein alors que la sirène à la chevelure flamboyante arrivait en retard. Une terrible habitude dont elle n'arrivait pas à se débarrasser. Au diable la ponctualité, on ne remarquerait rien tant il y avait de monde ! C'était à peine si on pouvait accéder à l'une des destinations privilégiées Sasha dans ce genre de festivités, le bar. Armée de son plus beau sourire, la jeune trentenaire se glissa donc entre les convives, déjà euphorisée par l'ambiance environnante. Arrivée enfin devant son Graal, elle s'empara d'une bouteille de rhum qu'elle vida de quelques gorgées. Autant rattraper son retard au plus vite. Pour faire bonne figure, elle préféra ensuite en remplir un gobelet avant de le diluer avec du jus de fruit. Son punch improvisé à la main, Sasha était sur le point de repartir en sens inverse quand elle se fit bousculer, renversant alors l'intégralité de son verre sur un autre fêtard. « Merde ! Je suis désolée. » s'excusa-t-elle en étouffant un rire gêné. « Avec tout ce monde, difficile de ne pas être maladroite. Tiens. » lança-t-elle à sa maleureuse victime en lui tendant une serviette afin d'éponger sa maladresse. Heureusement aucune caméra n'avait filmé ce moment gênant et elle espérait qu'elles resteraient éloignées le temps de régler ce petit incident.

Spoiler:

Tu fais signe au DJ d’augmenter le volume de la musique car les gens parlent beaucoup trop et ne dansent pas assez à ton goût. Tu veux que ça bouge dans tous les sens, que les corps se remuent et les esprits s’enflamment. Rien de mieux qu’un peu d’alcool pour décoincer ce beau monde. Tu ordonnes au barman de vous servir deux verres de vodka pour inaugurer la soirée : Phinaë ne va pas pouvoir se dégonfler cette fois. A la tienne. Tu ne lui laisses pas vraiment le choix, c’est limite si tu ne lui enfonces pas le verre au fond de la gorge. Comme tu ferais avaler un médicament à un enfant réticent. Fière de ta manœuvre tu abordes un sourire victorieux lorsque tu perçois un grésillement qui scande la musique. Y’a qu’un extraterrestre pour causer des inférences de ce genre. Isaac. De quel droit il se ramène à ta p’tite fête pour te piquer ta copine de comptoir ? Dans l'optique de t'en débarrasser, tu penses d'abord à l’imbiber d’alcool afin de le brûler vif, mais tu n’as pas de briquet sous la main. Quel dommage. Ce n’est pas grave, tu as une autre idée en tête. Une de celles dont tu raffoles. Une de celles dont tu te délectes. Tu te faufiles un chemin entre Phinaë et ... cette chose qui pollue ton espace vitale. Puis, tu commandes trois verres pour chacun. Tu le défies du regard et pour être certaine de lui péter les tympans, tu hurles au creux de son oreille. Alors tu vas te défiler du con ? Cap ou pas cap de jouer avec toi ?

Forcément, Lilith redescendit sur terre (ou remonta, dans ce cas très précis). Et la seconde où son regard dans lequel brûlaient les flammes de l’enfer rencontra celui, plus net car vierge d’alcool, d’Isaac, le déclic se fit. Il fallut une demi-seconde – probablement le temps nécessaire pour qu’elle se rappelle de qui c’était ce branque, et pourquoi son faciès de caribou lui disait vaguement quelque chose – avant que les traits de Jude se rétrécissent, en proie à un élan de haine, ou peut-être un de ses interminables plans machiavéliques. Isaac aurait peut-être mieux fait de suivre sa première intuition, lui dictant de s’en aller plus loin, en emportant Phin sous le bras, car autant les rencontres avec Lilith pouvaient avoir leur aspect amusant, le caractère hautement tenace et bourré de mauvaise foi de la susmentionnée pouvait s’avérer épuisant. A fortiori si tôt dans la soirée. Qu’il ait une vodka dans le sang, au minimum, avant de devoir affronter un lâcher de venin rituel. Mais, à la place, il affronta son regard, avec un sourire défiant qui, il l’espérait, l’agacerait royalement. Sur quel sujet Jude pourrait bien le tacler cette fois : le fait que son prénom ressemble à un juron en dialecte troll – ce qui ferait sens puisque c’était sa langue maternelle – ou la façon abjecte dont ses oreilles étaient placées des deux côtés opposés de sa tête ?  

Ni l’un, ni l’autre. La stratégie du démon était toute autre, et franchement mauvaise. De l’alcool ? Elle avait vraiment perdu de sa superbe – bien que, même sous la torture, il n’aurait jamais admis avoir pensé un tel mot accolé au nom de Jude. Le pire, au fond, c’était qu’elle l’avait appelé du con. C’était son insulte à lui, ça, n’avait-elle vraiment aucune dignité ? "Oh dis donc, des shots ! Et c’est quoi la prochaine étape, un teddy bear ?" Associant les actes à la parole, il se saisit du premier verre dirigé vers lui et l’avala d’une traite. Avec ou sans Lilith, il l’aurait de toute façon fait. Le premier était toujours le pire. "T’es sûre que c’est une bonne idée, vraiment ? Le lait fraise, c’est pas plutôt ton truc ?" Ni elle, ni encore moins Phin, qui était de toute façon chancelante, même complètement sobre, ne lui paraissaient particulièrement balèze. Le deuxième shot partit avec la même souplesse du coude – facilité par la gorge qui s’était déjà légèrement insensibilisée.  

L’alcool passa violent, mais il passa, elle était prise dans l’enchaînement sourd, déjà dévisageant son interlocutrice d’un échange à demi éclatant de vodka, à demi recouvert de l’étrange souvenir du goût.

La sono grimpait en décibels, Jude faisait craquer entre ses lèvres le vocabulaire habituel et Phinaë, longue à la détente la laissait entreprendre son usuel discours tantôt sincère, tantôt biatch. - La rouquine l’admirait, sans trop y placer de raison, elle appréciait sa compagnie particulière et sa vive façon d’appréhender les choses, Jude la sauve bien des entrées ratées, Jude est un minimum sympa - se retrouvant accoudée au bar où elle abandonne sa troisième jambe au marbre habillé de bois brut, le premier shot enfilé la fait hésiter. Et puis on joue à - viens encore me sauter à la face tant que tu me roules pas une galoche tout va bien. - Mais non, non, on lui embrasse simplement les cheveux, Isaac tente de recouvrir la basse qui se répète infinie, du bout des doigts elle s’attarde sur son avant-bras avant de le laisser s’asseoir. “Très, très drôle. Disons qu’elle est en mission, la deuxième béquille.”, elle accompagna ça de guillemets avant de sourire, docile.

Pas particulièrement contre une introduction un minimum pacifique, Phinaë s’attarde sur l’échange Isaac-Jude décidément trop rare pour se faufiler normal dans ses oreilles, c’est une discussion alien. Puis elle s’occupe d’accueillir le nouveau shot sous ses yeux, les lève sur Isaac, soupire longuement. “Si tu voulais m’éduquer à la gueule de bois, fallait le dire plus tôt, Jude.”

Et dire qu’il ne s’imagine pas une seule seconde ce que tu prépares, c’est presque orgasmique. En même temps, si tes intensions sont facilement identifiables, tes plans sont plus difficiles à cerner. Deviner ce que ton esprit prépare nécessite de penser comme toi. Ce que la plupart des gens évitent, de peur de se transformer en une créature machiavélique. Un teddy bear ? Tu éclates de rire. Ce n’est même pas digne de lui. Garde tes fantasmes pour quelqu’un que ça intéresse. Ce n’est pas une surprise qu’il rêve de pouvoir t’enlacer mais te supplier comme ça, c’est d’un triste. En plus, sa requête manque d’originalité. Tu es Jude Watt-Dickens: tout doit être exceptionnel pour toi. Jusqu'à la façon dont les gens te parlent. Vous pensez sincèrement qu’on va se faire un concours de shot ? C’est has been. A quoi bon boire si ce n’est pour s’amuser et tester ses limites ? On va faire un concours un peu différent. Ta voix prend une intonation qui laisse sous-entendre la suite des événements. Cap ou pas cap. La règle est plutôt simple, un des participants doit relever un défi, s’il réussit les autres boivent, sinon c’est lui qui se tape le shot. Histoire de pimenter la soirée ! Tu ne dépenses pas une fortune pour que les caméras filment une fête branchée dans un quartier huppé. Tu n’es pas n’importe qui. Phin, cap d'enlever ta robe. Tu lui fais un cadeau pour commencer la partie. Parce que tu dois non seulement t’assurer qu’elle participe mais surtout qu’elle ne se dégonfle pas devant un peu d’audace. C'est pourquoi tu n'as pas débuté avec Isaac, tu sais d'ores et déjà que pour le principe, il ne va pas abandonner. A moins qu'en réalité, ce ne soit pas un petit joueur.

Pas fan des poupées ? Pourquoi, il avait une tête à ne pas être fan des poupées ? Zadeh se sentit étrangement offusqué par ce jugement sur sa personne – même s’il était tout à fait vrai. Le jeune homme n’aimait pas spécialement les poupées, qu’elles soient en plastique ou en chair. Il avait cette aversion pour la beauté, ce signe qu’il liait à la richesse et la réussite... car ce qui n’est pas beau n’est pas sale, menteur et chassé de tout lieu. Mais, il n’aimait pas qu’on le juge ; sa vie lui avait donné cela en horreur.

La demoiselle semblait s’amuser, prendre ce petit incident à la légère. Zadeh, lui, n’avait pas envie de rire : ce qu’il jouait, là, c’était une ou deux semaines de nourriture, ou un ou deux jours sous un toit. Il revendrait son butin, et obtiendrait de quoi vivre comme un roi (miteux) pour un court moment. Repas chauds, bains chauds. Vêtements et draps propres.

« Heu... d’l’acide... » Il fait celui qui ne comprend pas trop, qui pense qu’on le croit si bourré qu’il s’est trompé de smartphone. Une moue gêné, il se gratte derrière la tête. « Bah désolé hein... j’repars à la recherche de mon téléphone hein. » Zadeh tentait bien évidemment de s’échapper, ayant bel et bien l’impression d’avoir été cramé par cette jeune fille... Zut !

Dépassé le temps de la fac adorable où on se contentait de quelques pétards en regardant Phinaë qui s’enfilait un géant thermos de thé. Elle qui était coupable d’être venue pour les jumeaux et éventuellement pour faire office de petite copine de location se trouva fort dépourvue de découvrir qu’on allait une fois de plus la voir finir complètement à tenter de rester en place, quand elle ne fonctionne pas encore très bien. Car si individu assez étrange, Phinaë est aussi peu adroite, Jude lui sert un peu de béquille au final. Ce soir, elle tente de lui faire honneur, et c’est dans un haussement de sourcil qu’elle retire machinalement les sangles à ses sandales pour se remettre debout. La définition de la gravité vous échappe sans doute une fois deux shots passés, du moins c’est le cas de Phinaë qui de sa robe toute neuve se défait dans la minute. Jude tes désirs sont désordre. Elle se tourne vers Watt-Dickens, inspirant profondément. “Un petit coup de main avec la fermeture ?” Elle a besoin de lever les yeux au plafond pour ne pas écouter sa conscience qui la supplie de retourner se cloîtrer à la maison. Mais encore une fois, elle est déjà en train d’ignorer le râle ostentatoire d’Isaac pour ne pas penser au reste. C’est à dire tout. Et voilà que la caméra ramène sa tronche de salsifi avarié. En plus elle pense de la merde. C’est la fin.