c'était il y a un peu plus d'un an. annie commençait sa journée de travail, elle avait quelques croquis à dessiner et quelques modèles à vérifier, quand on jeta sur son bureau un exemplaire d'un de ces magazines de mode un peu piquant qui n'hésite pas à démonter le travail d'artistes débutant dans le milieu. page dix. elle lut l'article de long en large. on venait de démonter sa dernière collection de sacs. elle ressentit un mélange entre la tristesse et une haine soudaine. elle serra le poing. elle enregistra bien le nom de la journaliste à l'origine de cet article. hors de question qu'elle laisse quelqu'un démonter le travail de toute sa vie. alors elle s'était rendue aux bureaux de ce journal et avait demandé à voir la journaliste en question. entrez. la voix était relativement sèche, mais elle ne se démonta pas. annie entra dans le bureau de la journaliste. quelle ne fut pas sa surprise en découvrant une jeune femme d'à peu près le même âge qu'elle. elle s'imaginait plutôt devoir faire face à une vieille acariâtre et mélancolique de sa jeunesse. vous êtes bien x ? elle releva les yeux des papiers qu'elle était en train de feuilleter. de toute évidence. annie ne pu s'empêcher d'admirer son regard perçant. mais elle ne perdit pas son objectif de vue. c'est donc vous qui avez rédigé cet article. elle mis le magazine ouvert à la bonne page sous le nez de la jeune femme. cette dernière haussa un sourcil. effectivement, c'est bien moi. annie eut un rictus en haussant un sourcil. c'était la moue qu'elle faisait toujours quand une personne l'agaçait et qu'elle avait bien envie de lui foutre un mammouth dans la bouche. et vous devez être la créatrice le collection ? pour toute réponse, annie pencha légèrement la tête sur le côté, accentuant sa moue. j'aimerais bien vous dire que je suis désolée pour cet article, mais je ne le suis pas. on a du talent, ou on en a pas. c'est comme ça que ça marche. elle haussa les épaules d'un air négligeant tandis qu'annie bouillait de l'intérieur. ou alors vous n'avez tout simplement pas de goût. c'était sorti tout seul, sans qu'elle ne réfléchisse vraiment. c'était toujours comme ça avec elle de toute façon. vous n'êtes qu'une vieille fille aigrie qui a besoin de détruire les rêves des autres pour se sentir bien parce que vous savez que vous n'avez pas assez de talent pour réaliser vos rêves. s'en suivit un long silence. la journaliste était restée sans voix, elle n'avait pas vraiment l'habitude qu'on lui parle ainsi. on la craignait plutôt. annie fit le plus beau sourire hypocrite qu'elle pu en renversant "accidentellement" un vase qui se tenait à l'entrée. désolée. sur ce, elle tourna les talons et claqua la porte derrière elle.